Le Kazakhstan, prochaine plaque tournante de l’hydrogène vert ? Le pays investit 50 milliards de dollars pour lancer l’industrie

Le Kazakhstan, actuellement mieux connu comme exportateur d’uranium, de pétrole et de gaz naturel, veut désormais devenir un précurseur en matière d’hydrogène vert également.

Pourquoi est-ce important ?

Le changement climatique devenant un problème de plus en plus aigu, de nombreux pays sont passés à la vitesse supérieure pour rendre leur bouquet énergétique plus écologique. L'hydrogène vert devrait jouer un rôle important à cet égard, estiment nombre d'entre eux. En effet, selon un rapport publié en septembre par un groupe de pays les plus polluants et l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la production de cette matière première devrait doubler chaque année au cours de la prochaine décennie.

L’essentiel : le Kazakhstan a signé un accord de 50 milliards de dollars avec Svevind, un conglomérat suédois engagé dans le développement des énergies renouvelables. L’entreprise va construire une gigantesque installation de production d’hydrogène vert dans le pays. C’est ce qu’a annoncé Kassym-Jomart Tokayev, le président du Kazakhstan, sur Telegram.

  • L’installation, Hyrasia One, utilisera l’électricité produite par des panneaux solaires et des turbines éoliennes pour obtenir de l’hydrogène. Le début de la production est prévu pour 2030.
  • Selon Wolfgang Kropp, PDG de Svevind, le Kazakhstan est idéal pour ce projet. Dans la région choisie, situé à l’Ouest du pays, il y a beaucoup de soleil et de vent, explique-t-il à Eurasianet.
  • À partir de 2032, deux millions de tonnes d’hydrogène vert devraient être produites chaque année à Hyrasia One. D’après le site d’information FuelCellsWorks, cela équivaut à un cinquième de la demande européenne attendue pour ce produit en 2030.

Pour rappel : l’hydrogène peut être produit de plusieurs façons. Une méthode consiste à utiliser l’électrolyse, dans laquelle un courant électrique divise l’eau en oxygène et en hydrogène. Si l’électricité utilisée dans ce processus provient d’une source renouvelable comme l’énergie éolienne ou solaire, le produit final est appelé hydrogène vert ou « renouvelable ».

Mais : l’hydrogène vert produit au Kazakhstan doit ensuite être exporté vers l’Europe, ce qui semble d’ores et déjà être un casse-tête. Il n’est pas certain que la marchandise puisse être produite à un prix raisonnable.

  • Aucune décision n’a encore été prise quant à la manière dont l’hydrogène sera mis sur le marché, ajoute Svevind. Selon le site d’information Oilprice, le moyen le plus simple est de transporter le produit par pipeline. Les navires peuvent également être utilisés pour transporter la marchandise, bien que cela soulève des questions quant à sa viabilité économique. Lors des transports en navire il peut y avoir des fuites, qui ont un impact important sur le réchauffement climatique. Il n’y a en plus pas de connexion maritime directe entre le Kazakhstan et l’Europe.
  • Autre point important : les pipelines vers l’Europe, qui n’est que trop disposée à acheter de l’hydrogène vert, passent par la Russie. Il est loin d’être certain que les relations entre l’Europe et la Russie reviendront à la normale d’ici 2030. C’est pourquoi il faut trouver des voies alternatives.
  • Un autre point sensible est que l’eau qui sera utilisée proviendra de la mer Caspienne, qui se rétrécit déjà. Bien que Svevind ait déclaré que l’utilisation devait être limitée pour cette raison, on ne sait pas exactement quelle quantité sera nécessaire pour atteindre les chiffres cibles.

Enfin, si le potentiel de l’hydrogène vert suscite beaucoup d’enthousiasme en Europe, sa production affiche toujours un coût prohibitif. Une grande quantité d’électricité est nécessaire pour obtenir ce produit. Des dizaines de projets sont déjà en cours de développement dans le monde, dont la plupart ne sont pas encore opérationnels. Certains experts continuent donc de se demander s’il sera possible de produire ce combustible de manière rentable et à grande échelle.

(CP)

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