Jerome Powell sur le grill : le président de la Fed adopte un tout autre discours que la BCE et Lagarde

Devant un comité sénatorial, le président de la Réserve fédérale – la banque centrale américaine – a tenté de rassurer. Oui, Jerome Powell se dit prêt à monter les taux d’intérêt « autant de fois qu’il le faudra » pour contrer l’inflation. Non, cela ne devrait pas endommager l’économie ou le
marché du travail américain.

Une inflation élevée et un marché du travail solide sont généralement le signe que l’économie n’a pas besoin d’une politique monétaire accommodante. Cette politique a été mise en place pour compenser le choc de la pandémie. Mais Jerome Powell veut tourner la page et repasser à une politique plus stricte.

«Il est vraiment temps pour nous de passer de ces paramètres de politique d’urgence à un niveau plus normal. Et cela ne devrait vraiment pas avoir d’effets négatifs sur le marché du travail », a déclaré Powell aux sénateurs.

Combien d’augmentation des taux d’intérêt ?

Il faut dire que le patron de la Réserve fédérale sent la pression dans son cou. Alors que la Fed envisageait de grimper 8 fois son taux d’ici la fin 2023, avec un nouveau taux d’intérêt de référence de 2,1%, l’ex-président de la Fed de New York, William Dudley, pense que la Fed devra probablement pousser son taux de référence plus près de 4%.

Goldman Sachs estime elle que la Fed devrait faire grimper son taux 4 fois rien que sur l’année prochaine plutôt que les 3 hausses pressenties.

Une ardoise de 9.000 milliards de dollars

La politique monétaire accommodante qui a déversé des milliards de dollars sur les marchés a fait basculer l’inflation à 6,8%, du jamais vu depuis 1982. Cette politique de planche à billets a également laissé une sérieuse ardoise de 9.000 milliards de dollars à la Fed. Powell reconnait « qu’elle est bien supérieure à ce qu’elle devrait être » et promet d’agir dès cette année pour la réduire.

Pour le patron de la Fed, l’inflation résulte surtout de la distorsion entre l’offre et la demande. Il espère et prévoit un retour à la normale pour mi-2022. Mais si l’inflation persiste à des niveaux élevés plus longtemps que prévu, « la Fed devra augmenter davantage ses taux au fil du temps », a-t-il ajouté.

Les marchés ont plutôt bien réagi aux déclarations du président de la Fed, le Nasdaq, le Dow Jones et le S&P 500 repartant tous à la hausse.

La BCE ne bouge pas

Rappelons que de ce côté de l’Atlantique, malgré une réalité économique quelque peu différente (crise énergétique et marché du travail différent), la BCE n’a pas l’intention de bouger aux taux d’intérêt pour contrer l’inflation gallopante. La pression de nombreux économistes est pourtant intense ici aussi. Christine Lagarde espère toujours que l’inflation finira par se calmer d’elle-même avec la fin hypothétique de la crise de l’énergie et celle de la chaine d’approvisionnement.

La BCE, sous la pression des États, ne peut pas vraiment se permettre d’augmenter ses taux. L’argent gratuit les arrange bien pour faire face à la crise.

Et cela pourrait durer avec les milliards d’investissements attendus dans la transition énergétique. Une transition énergétique qui devrait pousser les prix de l’énergie à la hausse et donc faire grimper l’inflation. L’histoire du serpent qui se mange la queue.

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