Caramba, nouvelle chute sur les marchés. Pourtant, les chiffres de l’inflation commençaient à baisser. Que se passe-t-il ?
Jerome Powell fait à nouveau trembler les marchés : le problème vient du 2e pivot de la Fed, pas du 1er

Pourquoi est-ce important ?
On le répète depuis des mois, mais on va le repréciser encore une fois : les marchés attendent le fameux "pivot" de la Fed pour redécoller. D'ailleurs, les nouvelles de la baisse de l'inflation pour le mois de novembre ont apporté une bouée de sauvetage. Ça signifiait que la Banque centrale américaine (la Fed) allait commencer à ralentir les hausses des taux d'intérêt. C'est d'ailleurs ce qui va sans doute se passer mi-décembre. Mais il reste un autre souci, et il est de taille : le 2e pivot.Dans l’actu : une nouvelle douche froide vous est servie par Jerome Powell, le président de la Fed.
- Le Wall Street Journal a rapporté les craintes de Powell. L’inflation baisse, c’est bien, mais l’économie américaine reste trop solide, et en particulier le marché du travail. L’économie américaine a créé 263 000 emplois en novembre, soit 63 000 de plus que l’estimation. La plus grande surprise est que le salaire horaire moyen a augmenté de 0,55%, le rythme le plus rapide depuis janvier. Le marché du travail, qui alimente l’inflation, ne se refroidit pas.
- « Pour être clair, une forte croissance des salaires est une bonne chose », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, à la Brookings Institution mercredi. « Mais pour que la croissance des salaires soit durable, elle doit être compatible avec une inflation de 2 %. » Or, le taux de croissance des salaires, en glissement annuel, est de 5,1% en novembre. Cela reste plus du double de l’objectif.
- Les bourses américaines ont perdu hier plus de 600 milliards de valeurs boursières. Le Nasdaq et le S&P 500 ont lâché près de 2%. Ce qui a provoqué la chute, ce sont les anticipations du plafond des taux d’intérêt, le fameux 2e pivot : à partir de quand la Fed décidera-t-elle de baisser les taux d’intérêt, jugeant que l’économie a été assez refroidie ? Le consensus n’est plus le même : 4%, 4,5%, voire 5%, ou plus ?
- Les taux d’intérêt sont pour le moment compris entre 3,75 et 4%. Et une nouvelle hausse de 0,5% – certes moins forte – est prévue pour la mi-décembre. Après ? C’est la grande inconnue : les marchés détestent l’incertitude.
L’analyse : Jerome Powell ne réussira pas le pari des années 90.
- CNN Business fait le rapprochement avec la situation des années 90. Powell a en effet affirmé qu’il espérait pouvoir faire ralentir la croissance des salaires sans trop ralentir l’économie et créer une récession. « Ce rêve est terminé », écrit le média américain.
- C’est en effet dans les années 90 que la Fed a dû lutter pour la dernière fois contre l’inflation. Et la Fed avait plutôt réussi son coup, avec un atterrissage en douceur, selon le langage financier des banquiers centraux.
- « Mais l’emploi aujourd’hui n’est pas ce qu’il était alors. Dans les années 1990, les baby-boomers étaient au sommet de leur carrière et l’immigration était forte. Tout cela a conduit à une augmentation de la main-d’œuvre qui a permis de maintenir le chômage à un faible niveau, malgré la hausse des taux d’intérêt. »
- La situation est en effet totalement différente aujourd’hui : les baby-boomers partent à la retraite, l’immigration est au plus bas, et les effets du Covid se font encore sentir (pensez à la « Grande démission » ou plus simplement au nombre de morts qui ont creusé la démographie). Moins de main-d’œuvre, c’est des salaires qui grimpent, c’est aussi simple que cela.
- « Malgré certains développements prometteurs, nous avons un long chemin à parcourir pour rétablir la stabilité des prix », a conclu Jerome Powell. Brace yourself.