Le fabricant turc du drone d’attaque Bayraktar TB2 n’en vendra jamais à la Russie

L’une des raisons pour lesquelles l’Ukraine résiste depuis si longtemps à l’agresseur russe s’appelle le Bayraktar TB2. Un drone qui s’avère particulièrement efficace pour détruire le matériel de guerre russe, y compris les chars, voire les navires. Haluk Bayraktar, le PDG du fabricant Baykar, a promis de ne jamais en vendre à la Russie.

Inscrire à l’avance des acheteurs potentiels sur une liste noire semble être l’une des pires techniques de vente qui soient. Pourtant, Haluk Bayraktar, PDG de la société turque Baykar, a décidé sans hésiter de ne jamais vendre de drones à la Russie, a-t-il déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CNN.

Formule à succès

La présentatrice Julia Chatterley s’est entretenue avec le PDG au sujet du succès du drone, qui a certainement gagné des galons au début de l’invasion russe de l’Ukraine. Le drone, qui peut transporter jusqu’à 150 kg de bombes ou de missiles, a permis de détruire de nombreux chars russes. Il utilise la technologie laser pour guider les missiles vers leur cible, ciblant dans certains cas des convois russes entiers.

Haluk Bayraktar, qui dirige l’entreprise avec ses frères Selçuk (CTO) et Ahmet (CFO), s’est dit fier de son bébé, le TB2, devenu l’un des symboles de la lutte contre la Russie. « C’est touchant », a estimé le PDG, après quoi il a évoqué la coopération de longue date et les liens solides avec l’Ukraine.

M. Chatterley a toutefois voulu savoir si le PDG vendrait également des drones à la Russie, si celle-ci en faisait la demande. « Nous n’en avons pas fourni et nous ne leur fournirons jamais rien. Nous soutenons l’Ukraine, nous soutenons la souveraineté, l’indépendance et la résistance de l’Ukraine », a répondu le PDG, catégorique.

Dons et crowdfunding

Avant l’invasion, l’Ukraine avait déjà acheté 20 exemplaires, et depuis mars, Baykar en a fourni 50 autres. L’entreprise soutient également le pays par divers autres moyens : la Lituanie, par exemple, avait lancé une campagne de crowdfunding afin de réunir les cinq millions d’euros nécessaires à l’achat d’un TB2 pour l’Ukraine. Lorsque la campagne de dons a permis de récolter six millions, Baykar a décidé de simplement offrir le drone. Un million et demi d’euros de cette cagnotte servira à acheter des munitions pour l’appareil, le reste étant destiné à l’aide humanitaire.

Même lorsque l’Ukraine elle-même a utilisé une campagne sur les médias sociaux pour collecter des fonds pour des drones, Baykar a décidé de faire don de trois d’entre eux. Pendant ce temps, des campagnes de crowdfunding ont été lancées en Pologne et en Norvège pour acquérir d’autres exemplaires destinés, eux aussi, à l’armée ukrainienne.

Mikhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a salué les déclarations de Haluk Bayraktar : « Les valeurs sont plus importantes que l’argent. C’est un bon exemple pour quiconque voit une coopération possible avec un pays terroriste qui tue des enfants », a-t-il déclaré sur Twitter. Des mots à retenir alors que le président turc lui-même, Recep Tayyip Erdoğan, vient de rencontrer Vladimir Poutine en Iran. Encore que le leader d’Ankara, suspecté d’avoir son propre agenda géopolitique, n’a guère été des plus chaleureux avec son homologue moscovite. Poutine a ainsi été contraint d’attendre, debout face à un parterre de caméras, qu’Erdogan daigne entrer dans la pièce pour le saluer. Un traitement qu’il réserve habituellement lui-même à d’autres chefs d’État.

MB

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