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Meloni va bien couper les amarres avec la Chine : quelles conséquences pour l’économie italienne ?

Meloni va bien couper les amarres avec la Chine : quelles conséquences pour l’économie italienne ?
Giorgia Meloni / Xi Jinping | Getty / Fotojet

Ce ne serait plus une question de « si » mais de « quand »: l’Italie serait sur le point d’être le premier pays de l’UE à quitter la « Belt and Road initiative » qui lie Rome à Pékin. Reste à savoir comment, et à en assumer les conséquences.

Pourquoi est-ce important ?

L'Italie était en 2019 le premier pays de l'Union européenne à adhérer pleinement à la BRI, la « Belt and Road initiative », le vaste plan d’infrastructure et d’investissement de la Chine. Maintenant, elle veut être la première à la quitter. Un choix qui aura des conséquences, tant diplomatiques qu'économiques.

Sortir oui, mais comment ?

Dans l’actualité : après de longues tergiversations, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a décidé de rompre l’accord qui liait son pays à la Chine.

  • Celui-ci n’est valable que jusqu’en mars 2024, avec un préavis écrit d’au moins trois mois pour s’en retirer, à moins de le laisser se renouveler automatiquement pour cinq années supplémentaires. Le sujet était d’ailleurs épineux depuis sa ratification en Italie ; malgré les perspectives d’une coopération accrue avec l’Empire du Milieu, l’accord était globalement gelé depuis 2021.
  • Meloni, élue à la tête d’une coalition disparate de droite et d’extrême-droite, a donc décidé de faire primer ses convictions, en faveur de Taïwan entre autres, en dépit des réticences internes.
  • n’a pas encore pris de décision définitive, mais les discussions à Rome se concentrent sur la manière de sortir de « Belt and Road », plutôt que sur la question de savoir s’il faut le faire, a confié à Politico un diplomate italien anonyme.

Le contexte : l’Italie suit le vent qui souffle en Europe, celui d’une méfiance accrue envers Pékin, voire d’une défiance face aux pressions qui Xi Jinping a déjà fait peser sur des pays de l’UE sur la question de Taïwan. Un vent qui vient de Washington. « La relation avec les États-Unis est vraiment ce sur quoi Meloni a misé afin d’établir ses références internationales » confirme Nathalie Tocci, directrice de l’Istituto Affari Internazionali, auprès de Politico.

Le poids de la Chine sur l’économie

Les conséquences : on ne rompt pas si facilement les liens avec la Chine, du moins pas sans conséquences économiques.

  • Les exportations de la Chine vers l’Italie ont augmenté de 51 % entre 2019 et 2022, tandis que ses importations depuis la Botte ont augmenté de 26% selon l’Agence italienne du commerce.
  • La Chine est aussi une grande pourvoyeuse de main-d’œuvre – souvent clandestine – pour l’industrie de l’habillement en Italie, y compris pour les grandes marques de haute couture. Le virus est depuis passé par là, mais ils étaient 30.000 recensés rien qu’à Prato en 2020, ville au secteur textile très développé, et c’est sans doute à une estimation très basse.
  • Enfin il y a le tourisme chinois, avec une augmentation de 20% du nombre de visiteurs en 2019.
  • N’oublions pas bien sûr les possibles dissensions internes que cette décision pourrait créer dans le monde politique italien. Meloni a réuni autour d’elle une coalition qui ne partage pas forcément ses vues. On l’a remarqué sur la question russe, où elle est farouchement pro-ukrainienne, alors que ses alliés ont souvent été accusés de collusions directes avec Moscou.
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