L’islam occidental est en pleine mutation, mais peu en sont conscients

L’islam inquiète de nombreux Occidentaux, mais pourtant, cette religion subit discrètement une  transformation en Occident. La menace posée par l’extrémisme musulman s’évanouit grâce à un processus naturel d’adaptation et d’assimilation, bien plus efficace que toute mesure gouvernementale. C’est ce qu’affirme le magazine économique The Economist.

La première génération de travailleurs musulmans est arrivée en Occident dans les années 1950. Leur pratique religieuse était dirigée par des imams formés à l’étranger, et se conformait souvent à celle qui prévalait dans leur pays d’origine. 

Une nouvelle génération, plus émancipée et plus confiante

Mais il n’en a pas été de même pour la deuxième génération, prise en sandwich entre la culture étrangère de leurs parents et une société dont ils avaient du mal à comprendre les institutions. Les plus frustrés qui ne se sentaient pas chez eux dans leur pays de naissance se sont donc tournés vers le djihad violent. Aujourd’hui, la troisième génération atteint la maturité. Ce groupe est très différent de ses prédécesseurs : il est plus émancipé, et plus confiant que ses aînés. 

La plupart des membres de cette génération, pour qui la foi relève plus d’un choix personnel, rejettent les imams étrangers et la propagande djihadiste violente.

Leurs croyances varient entre d’ultraconservatrices à progressistes libérales. Dans certains cas, les imams autorisent les femmes de la communauté à épouser des non-musulmans, des prières sont organisées le dimanche, pour s’adapter au vendredi travaillé, et l’on trouve même des mosquées dirigées par des femmes. Simultanément, les institutions occidentales s’ouvrent progressivement aux musulmans. Londres et Rotterdam ont des maires musulmans. Aux États-Unis, deux femmes musulmanes ont été élues députées au Congrès.

Le terrorisme est en recul

Les gouvernements occidentaux doivent encourager cette transformation, suggère The Economist. Mais ils doivent se concentrer sur l’application de la loi, plutôt que de tenter de détourner les musulmans de leur foi.

Les attaques des djihadistes contre des cibles occidentales sont en nette diminution, note le magazine. Il y a quatre ans, 150 personnes ont été tuées dans des attentats perpétrés par des terroristes islamistes en Europe ; mais l’année dernière, on n’a recensé « que » 14 victimes. 

Les attentats ne menacent pas seulement des vies et des biens, mais ils remettent également en cause les bonnes relations que les musulmans entretiennent avec leur entourage, menaçant ainsi la cohésion sociale. D’où l’importance de la répression. 

Une tentation d’ingérence contre-productive des gouvernements

Malheureusement, beaucoup de gouvernements sont tentés par l’ingérence pour résoudre le problème de l’islam radical… Ils copient ainsi ce qui existe dans le monde musulman traditionnel, où l’islam est souvent une religion d’État gouvernée et asphyxiée par les gouvernements. Ce type d’approche risque de se montrer contre-productif, et d’entraîner un repli communautaire, et donc de favoriser précisément ce que l’on voulait éviter. Il est donc plus judicieux de privilégier le dialogue et la persuasion. 

Le problème majeur réside dans l’approche à adopter pour éradiquer la radicalisation. Celle-ci concerne souvent des jeunes vulnérables qui deviennent plus dévots avant de se tourner vers la violence. Mais les choses évoluent favorablement : bien que les jeunes musulmans tendent à être conservateurs selon les normes occidentales, ils sont souvent plus progressistes que leurs parents.

« L’islam appartient à l’histoire et à la culture occidentales. Les musulmans ont gouverné certaines parties de l’Europe pendant 13 siècles ; ils ont contribué à la Renaissance. Si la forme variée et libérale de l’islam d’aujourd’hui continue de prospérer, elle pourrait même servir d’exemple de tolérance pour le reste du monde musulman », conclut le magazine. 

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