Le bourgmestre de Londres est un musulman. Est-ce un problème ?

Pour la première fois de l’histoire, Londres a élu un maire musulman. Le candidat socialiste Sadiq Khan (photo à gauche à côté de sa femme Saadiya lors de sa cérémonie d’investiture) l’a emporté vendredi sur son adversaire conservateur Zac Goldsmith.

Le journal espagnol La Vanguardia se réjouit de l’élection de Sadiq Khan, un musulman qui a grandi dans le quartier ouvrier de Tooting. Il y voit le signe d’un changement profond de la société :   

“Le fait que Khan ait battu le conservateur Goldsmith, fils d’une famille de banquiers juifs qui a étudié à l’école d’Elite Eton, prouve que le milieu social individuel devient de moins en moins important. […] “Je veux que tous les Londoniens aient les mêmes possibilités que notre ville m’a données, à moi et ma famille”, a déclaré le nouveau maire. L’une des principales préoccupations dans les pays de l’UE est que le sentiment de marginalisation que ressentent les jeunes musulmans pour des raisons sociales et économiques, ce qui les rend vulnérables à l’attrait de l’intégrisme et du terrorisme. Sadiq Khan est la preuve vivante que l’intégration est possible. C’est une excellente nouvelle”.

La victoire de Khan ne prouve rien de la capacité d’intégration des musulmans, estime au contraire Jacek Dziedzina dans le journal polonais GOsC Niedzielny :

“La gauche européenne et britannique se réjouissent de pouvoir maintenant désigner Sadiq Khan comme la preuve alléguée que l’islam peut être intégré dans une société démocratique. En d’autres termes, que l’Islam peut être civilisé (…) Mais Khan n’est pas le représentant typique de la société islamique. Il ne pratique l’islamque d’une manière très modérée. Certains imams de Londres ont émis une fatwa contre lui, parce qu’il soutient le mariage homosexuel. Sadiq Khan est certainement Britannique, comme des millions d’autres personnes d’origine étrangère du pays.(…) Mais sa victoire n’est que la conséquence logique des changements socio-culturels qui ont eu lieu au cours de la dernière décennie en Grande-Bretagne”.

Le journal autrichien Der Standard se félicite que ce ne soit pas Goldsmith qui ait remporté ces élections, et il y voit cela un signe d’espoir :

“Son rival, le politicien conservateur Zac Goldsmith, a mis l’accent de sa campagne sur le scénario d’escalade en Europe ; il s’est concentré sur les peurs divisives et les attaques personnelles. Il a perdu. Il est rassurant de voir que les politiques constructives ont toujours réellement leurs chances en Angleterre contre les positions alarmistes. Depuis les élections, de plus en plus de voix célèbrent la victoire de Khan comme celle d’un musulman qui est devenu bourgmestre. D’autres voix condamnent précisément cette position, estimant que cette joie est inappropriée. D’un côté, ils ont raison – en 2016, la religion ou l’origine du bourgmestre ne devrait plus entrer en ligne de compte. Mais à une époque où l’on jette des têtes de porc dans les mosquées, cette élection permet de confirmer tout cela ».

Conservative Party candidate Zac Goldsmith (L) and Labour candidate Sadiq Khan take part in a Mayoral debate in central London on April 12, 2016 The two candidates are vying to become the next mayor of London in the upcoming May 5 elections. / AFP PHOTO / NIKLAS HALLE'N

NIKLAS HALLE/ AFP

Conservative Party candidate Zac Goldsmith (L) and Labour candidate Sadiq Khan take part in a Mayoral debate in central London on April 12, 2016
The two candidates are vying to become the next mayor of London in the upcoming May 5 elections. / AFP PHOTO / NIKLAS HALLE’N

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