Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javid Zarif, est prêt à s’asseoir avec les membres du gouvernement Trump. C’est ce qu’il a déclaré dans l’émission d’actualité politique américaine « Face the Nation ».
Zarif (sur la photo à gauche, à côté du président iranien Rouhani) veut savoir si les Américains emprisonnés en Iran peuvent être libérés en échange d’Iraniens emprisonnés dans des prisons américaines ou autres. La démarche est remarquable car l’Iran a toujours refusé de négocier avec les États-Unis depuis que le président Donald Trump a retiré son pays de l’accord sur le nucléaire de l’année dernière.
L’économie iranienne en déclin rapide
La situation économique de l’Iran se détériore rapidement. Maintenant que les États-Unis ont annoncé la fin d’une série d’exceptions à la règle générale interdisant la vente de pétrole à l’Iran, la République islamique est dans une situation désespérée. Malgré les sanctions imposées par les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Turquie étaient toujours autorisés à acheter du pétrole iranien. Mais ces exceptions sont maintenant révoquées.
L’économie iranienne devrait se contracter de 6 % cette année, tandis que l’inflation devrait dépasser les 50 %. Depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord avec l’Iran, la production de pétrole a plus que diminué de moitié. Bien que la Chine et l’Inde continuent d’acquérir de petites quantités de pétrole iranien, la perte d’autres clients a des conséquences dramatiques pour un pays largement dépendant de ses exportations de pétrole.
Le fait que Zarif cherche maintenant un rapprochement avec Washington indique que la campagne de Trump porte effectivement ses fruits. Assez, en tout cas, pour forcer les Iraniens à retourner à la table des négociations.
S’asseoir à la table des négociations avec Washington soulagerait quelque peu la pression sur le pays, même si une révision de l’accord sur le nucléaire n’est pas encore à l’ordre du jour.
Cheif Hostage Negotiater, USA!
On dirait que Zarif essaie de flatter Trump. Le président a déclaré à plusieurs reprises sur Twitter qu’il était « le meilleur négociateur que les États-Unis aient jamais eu pour la libération des otages ».
“President Donald J. Trump is the greatest hostage negotiator that I know of in the history of the United States. 20 hostages, many in impossible circumstances, have been released in last two years. No money was paid.” Cheif Hostage Negotiator, USA!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 26, 2019
Cela s’est encore produit la semaine dernière, à l’occasion de la controverse autour de la libération de l’étudiant américain Otto Warmbier. Ce dernier aurait été libéré après que les Américains aient promis de verser 2 millions de dollars au régime de Pyongyang. Ce que le président nie fermement, même si le message est confirmé par d’autres sources au sein de son gouvernement.
Il reste à savoir dans quelle mesure Zarif peut réussir. L’Iran reste le croquemitaine préféré du gouvernement Trump, et l’inverse s’applique également. Les ayatollahs de Téhéran ont avec les Etats-Unis une cible facile et efficace contre laquelle diriger la haine iranienne.
Mais Zarif s’est déjà révélé fin stratège. Si Trump s’est montré disposé à s’asseoir avec quelqu’un comme Kim Jong-un, après que ce dernier avait d’abord menacé de rayer la Corée du Nord de la carte du monde, rien ne semble être exclu.