Conséquence inattendue de la guerre en Ukraine : des chars israéliens bientôt ciblés par des missiles copiés sur ceux des Américains ?

L’alliance de circonstance entre Moscou et Téhéran semble se renforcer : l’armée russe a pu bénéficier de livraisons de munitions iraniennes, et surtout de drones explosifs – livrés avec des ingénieurs – afin de renflouer ses stocks. Ce que l’Iran gagnait dans l’affaire était moins clair. Mais selon différentes sources gouvernementales qui se sont confiées à CNN, le régime islamiste y gagne tout simplement un coup d’œil sur les secrets du complexe militaro-industriel de l’oncle Sam.

Faire la guerre, c’est très cyniquement la meilleure manière de tester son propre matériel, mais c’est aussi l’occasion d’en savoir plus sur celui d’en face, d’en étudier les effets au combat, voire idéalement d’en capturer. Et cela va dans les deux sens : si la Russie n’a annoncé le déploiement de ses engins les plus modernes – blindé Terminator ou chat T-14 Armata – qu’au compte-goutte et à défaut de mieux, c’est sans doute pour éviter que les Occidentaux n’en apprennent trop sur ces armes miracles.

Les champions du recyclage

C’est vrai aussi dans l’autre sens, bien qu’il faille se méfier des effets d’annonce. Ainsi, les milieux pro-Poutine de France se gaussent depuis des mois sur la capture de canons Caesar fournis par l’Hexagone, dont on attend toujours la moindre preuve. Mais les forces russes ont bel et bien saisi du matériel issu de l’OTAN. Rien d’aussi encombrant qu’un obusier, mais il s’agit notamment de systèmes antichars Javelin et de missiles antiaériens Stinger, que les forces ukrainiennes avaient parfois été contraintes d’abandonner sur le champ de bataille.

Un effet sur les conflits à venir

Or cet équipement semble avoir souvent été envoyé au plus vite vers l’Iran, confirment différentes sources. Vraisemblablement pour qu’il soit démonté et analysé, afin d’en réaliser des copies. C’est d’ailleurs une habitude de la République islamique : le missile guidé antichar Toophan de son armée a été conçu à partir du missile américain BGM-71 TOW dans les années 1970, et certains des drones modernes du pays semblent issus de l’étude d’un RQ-170 « Sentinel » de Lockheed Martin, intercepté en 2011.

Selon les sources de CNN, le sujet ne cause pas de trop vives inquiétudes au Pentagone : l’Ukraine communique à Washington les listes de matériel perdu et s’applique à saboter ce qui doit être abandonné. Cela ne changera pas le cours de la guerre. Mais cela peut influencer les conflits à venir, en particulier là où l’Iran s’implique activement.

Diplomatiquement, cela serait très gênant si, dans les années à venir, certaines guérillas voyaient leur puissance de feu augmenter grâce à un arsenal iranien d’inspiration américaine.

Un char israélien ciblé par un missile d’inspiration américaine ?

« L’Iran a démontré par le passé qu’il était capable d’effectuer de la rétro-ingénierie sur des armes américaines. Il a procédé à la rétro-ingénierie du missile guidé antichar TOW, créant une réplique presque parfaite qu’il a appelée Toophan, et l’a ensuite fait proliférer auprès des Houthis et du Hezbollah. L’Iran pourrait faire de même avec un Stinger, qui pourrait menacer l’aviation civile et militaire dans toute la région. Le Hamas ou le Hezbollah pourraient utiliser un Javelin de fabrication inversée pour menacer un char Merkava israélien. Entre les mains des mandataires de l’Iran, ces armes constituent une véritable menace pour les forces militaires conventionnelles d’Israël. »

Jonathan Lord, chercheur principal et directeur du programme de sécurité au Moyen-Orient au Center for a New American Security, cité par CNN
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