En proposant des fractions à 100 euros, Scargo, une start-up belge, veut rendre l’investissement dans l’immobilier accessible au grand public, et notamment aux jeunes travailleurs. Les investisseurs reçoivent en contrepartie une part des loyers, de type « occupation courte et à rendement maximisé », et de la plus-value à la revente, dans sept à dix ans. Les premières fractions seront accessibles le 24 octobre. Entretien.
Acheter un bien immobilier pour s’assurer un rendement stable devient de plus en plus compliqué pour la génération des jeunes travailleurs. « Les taux d’intérêt partent à la hausse, il est par exemple très difficile d’avoir un prêt sous 2%, et l’apport que les banques demandent explose. Pour 60% des jeunes travailleurs, le marché immobilier est devenu inaccessible. »
Voilà le constat que dresse François Kiesecoms, fondateur de Scargo, une start-up qui propose d’investir de manière fractionnée dans l’immobilier, en interview avec Business AM. Or, analyse-t-il, l’immobilier reste un des moyens les plus stables pour investir, notamment sur le long terme.
Il s’agit d’un investissement qui a une certaine couverture contre l’inflation, avance François Kiesecoms, notant que de plus en plus de personnes veulent placer leur argent, à l’heure où la dépréciation monétaire dépasse les 11% et l’épargne perd rapidement en valeur. Comparé au marché boursier (selon Bank of America, l’année 2022, calamiteuse pour les cours des actions, fait justement fuir les jeunes investisseurs) ou aux cryptomonnaies, le marché immobilier est aussi un marché qui n’est pas volatil, « et la volatilité fait peur », continue le fondateur.
Un investissement stable, avec une croissance intéressante sur le moyen-long terme, mais néanmoins inaccessible aux jeunes travailleurs et investisseurs. Voilà la problématique à laquelle François Kiesecoms, qui n’a lui-même pas encore la trentaine, veut s’attaquer avec Scargo. « Nous voulons rendre l’investissement dans l’immobilier accessible à n’importe qui », assure-t-il.
Investissement fractionné, qu’est-ce que c’est?
« Nous voulons que l’investissement dans l’immobilier soit aussi facile que l’investissement en bourse », décrit le fondateur. La solution que propose la start-up est d’investir dans l’immobilier dès 100 euros. En résumé, les investisseurs peuvent acheter des parts, ou fractions, d’un bien, à 100 euros chacune, qui donnent ensuite droit à des versements d’un pourcentage du loyer mensuel (lire ci-après).
Après 7 à 10 ans, le bien sera revendu, et la somme sera départagée entre les investisseurs, qui toucheront une plus-value sur leur fraction. Pour être précis, ces fractions correspondent à un certificat immobilier, une sorte de titre de créance. Les investisseurs ne sont ainsi pas propriétaires du bien. Ces certificats entrent dans la catégorie du précompte mobilier et sont taxés à hauteur de 30% (autant sur les loyers que sur la plus-value, mais pas sur le remboursement du capital investi).
Ce mardi, la start-up s’est ouverte aux grand public. Dans les premières heures, plus de 1.000 personnes se sont inscrites. Les parts pour un premier bien, un appartement situé à Anvers, pourront être achetées dès le 24 octobre. Jusqu’à la fin de l’année, où une levée de fonds pour agrandir l’équipe est également prévue, Scargo espère acheter deux ou trois autres biens. Pour l’année prochaine, la cadence devrait être d’un bien par mois, en Belgique mais aussi ailleurs, espère François Kiesecoms : « Une étape importante, pour que les investisseurs puissent diversifier leurs portefeuilles ».
A la « Airbnb »
Quels sont les biens visés? « Nous sommes à la recherche de pépites, des biens de qualité », nous explique le fondateur. D’autres biens en vue se trouvent dans les Hautes Fagnes et en Ardenne. Mais ce ne sont pas des baux classiques qui seront proposés aux locataires : « On cherche des biens qui sont idéaux pour de la location de courte durée, pour un mois maximum, par exemple, pour des touristes ou des voyageurs d’affaires. On pense que c’est là qu’on peut maximiser la rentabilité pour les investisseurs », analyse François Kiesecoms. Un peu comme pour la plateforme Airbnb, où les prix, à la nuit, sont souvent plus chers que ceux d’un loyer classique.
Voilà également un risque qui peut peser sur ce type d’investissement : les économistes s’attendent à une récession pour l’Europe. Les secteurs du tourisme, et du tourisme d’affaires surtout (qui n’a d’ailleurs pas encore véritablement redémarré depuis la crise sanitaire), souffrent souvent d’une telle période de ralentissement économique.
Disclaimer: cet article ne fait pas office de conseil, mais doit se lire à titre d’information. Investir comporte toujours des risques.