Un rapport de 55 pages de la commission parlementaire du renseignement et de la sécurité (ISC) estime que l’ingérence russe au Royaume-Uni ‘est la nouvelle normalité’. Est notamment pointé du doigt le référendum de 2016 qui a mené au Brexit. Les députés au sein de cette commission demandent une évaluation qui doit ‘être portée à la connaissance du public’.
Ce rapport très attendu a été publié mardi: il accuse le gouvernement d’avoir sous-estimé la menace russe sur les affaires britanniques, mais également d’avoir fermé les yeux.
Les députés estiment que les différents ministres en charge de la sécurité nationale n’ont ‘pas vu ni cherché des preuves de cette ingérence dans les processus démocratiques britanniques’.
Kevan Jones, membre travailliste du comité, a notamment déclaré: ‘Le scandale n’est pas qu’il y ait eu ingérence. Le scandale, c’est que personne ne voulait savoir s’il y avait interférence.’
Mais Boris Johnson, qui a poussé pour un Brexit en 2016, ne compte pas opérer cet exercice de transparence. ‘Nous n’avons vu aucune preuve d’une ingérence russe dans le référendum de l’UE’, a déclaré le gouvernement, ajoutant: ‘Une évaluation rétrospective du référendum sur l’UE n’est donc pas nécessaire.’
Le ministre des Affaires étrangères Dominique Raab s’est dit toutefois conscient de la menace posée par Moscou, notamment en matière de cybercriminalité. Mais sans preuves concrètes, difficile de faire pression sur Moscou alors que la relation entre les deux capitales est déjà au plus bas.
Avocats, députés, comptables…
Le rapport pointe encore du doigt des agents facilitateurs britanniques, conscients ou non de favoriser l’intrusion russe. Sont notamment évoques, des avocats, des comptables, des agents immobiliers voire même des députés ‘qui ont des intérêts commerciaux liés à la Russie’.
De son côté, le Kremlin a balayé ces accusations au même titre que celles évoquées dans les élections américaines ou dans le référendum écossais pour le maintien de l’Écosse dans le Royaume-Uni. Pour la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, le rapport ne traduit que de la ‘russophobie sous forme de fake news’.