L’informatique à l’école : une langue aussi indispensable que l’anglais pour préparer l’avenir de nos enfants

Aujourd’hui, c’est la Journée internationale de l’éducation. Et ce n’est pas un hasard si elle est placée sous le signe de l’intelligence artificielle (IA). Dans un contexte où l’IA est omniprésente, se pose la question de la place de l’humain face à cette automatisation galopante. L’enseignement devient alors stratégique : comment former les adultes de demain pour qu’ils ne soient pas seulement spectateurs, mais aussi acteurs des transformations technologiques ?

La réponse, c’est la culture des données (« data literacy »). Et sur ce front, les nouvelles sont bonnes, puisque les élèves flamands semblent être parmi les meilleurs de la classe, selon l’International Computer and Information Literacy Study (ICILS). Cette étude mesure les compétences informatiques des enfants en deuxième année d’enseignement secondaire dans 34 pays. Seuls les élèves de Corée du Sud, de République tchèque, de Taïwan et du Danemark font légèrement mieux que les jeunes Flamands. Les élèves néerlandais, quant à eux, obtiennent en moyenne des scores inférieurs au niveau de base en culture numérique et en maîtrise de l’information.

L’IA concerne tout le monde

Bravo donc à l’école, mais nous ne devons pas pour autant nous reposer sur nos lauriers. En effet, les connaissances en IT se cantonnent généralement à des filières spécifiques. Et si l’on considère les besoins du marché et la rareté des compétences informatiques, il y a encore beaucoup de progrès à faire. D’autant plus que ces connaissances ne sont pas réservées aux seuls développeurs et experts IT : chaque profession est confrontée à la technologie. Il peut s’agir d’un mécanicien qui branche son ordinateur portable avant même de commencer à travailler sur une voiture. Et l’IA ne fera qu’accélérer cette tendance.

Des soins de santé aux transports, en passant par l’enseignement et le commerce : pratiquement tous les aspects de notre vie sont touchés par les technologies basées sur l’IA. Il en résulte des opportunités sans précédent : un apprentissage personnalisé, des processus métier plus performants et de meilleurs soins de santé. Mais sans les connaissances adéquates, trop d’opportunités restent inexploitées. Et nous risquons aussi de nous laisser distancer économiquement par les pays qui investissent massivement dans ce domaine.

L’informatique est un langage universel

Nous en revenons donc à l’enseignement. Comment faire en sorte que les étudiants d’aujourd’hui réussissent demain et exploitent le plein potentiel de l’IA ? Notre conseil : il faut commencer tôt. Pour aider les enfants à s’orienter dans ce monde numérique complexe, nous devons intégrer la culture des données dans les salles de classe dès le plus jeune âge. Les enfants doivent non seulement apprendre à utiliser la technologie, mais aussi comprendre comment elle fonctionne.

Les cours de programmation, les bases de l’analyse des données et les sujets éthiques devraient faire partie du programme dès l’école primaire. Comparons avec l’anglais. Nous savons que notre langue, par exemple, le néerlandais, ne nous permet pas d’aller très loin. Quiconque ne parle pas anglais est immédiatement désavantagé dans ce monde globalisé. Il en va de même pour le langage informatique, en particulier en ce qui concerne les données et l’IA. Les générations futures devront maîtriser ces langages aussi couramment que l’anglais. La technologie n’est plus réservée à une élite de la Silicon Valley ; c’est une langue universelle qui unit chacun d’entre nous.

Rendre la technologie attrayante et accessible

Que peut faire l’enseignement ? En priorité, nous devons valoriser les matières technologiques et les présenter comme des filières d’avenir. Les modèles, notamment féminins, peuvent jouer un rôle crucial pour inciter les filles à se tourner vers une carrière dans la technologie. D’ailleurs, l’étude susmentionnée sur les compétences numériques des élèves montre qu’en Flandre, les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons en matière de culture numérique. En revanche, les garçons excellent en résolution de problèmes. Cela montre que chacun a un rôle à jouer dans notre société numérique.

La culture des données devrait en outre occuper une place centrale dans les autres matières. Heureusement, la ministre flamande de l’enseignement, Zuhal Demir (N-VA), a déjà annoncé qu’elle souhaitait étendre la pensée computationnelle à toutes les matières, et pas seulement à l’informatique. De même, il est important de donner aux élèves vivant dans la précarité les moyens de se lancer dans le numérique et de saisir des opportunités. Après tout, des outils comme l’IA générative ont le potentiel de démocratiser l’enseignement et de le rendre accessible à tous. Les modèles hors ligne – tels que Whisper, LLama et Private LLM – permettent également aux communautés qui ne disposent pas d’une connexion Internet stable d’accéder à des ressources éducatives de haute qualité.

Il est temps d’accélérer

Si l’enseignement jette les bases, le monde de l’entreprise doit aussi passer à l’action. Les CEO et les cadres doivent savoir ce que peut faire l’IA et poser les bonnes questions afin de comprendre les risques et de prendre des décisions éthiques. De nombreuses entreprises craignent que leurs employés ne disposent pas des compétences nécessaires pour tirer parti des investissements dans l’IA générative et d’autres innovations technologiques. La formation doit donc être une priorité dans les entreprises qui veulent renforcer la culture des données en interne.

Le score élevé des élèves flamands en matière de compétences numériques est un bon début pour un premier effort, mais la véritable épreuve reste à venir. De plus, le progrès ne s’arrête pas une seconde pour nous permettre de souffler. Au vu de l’impact de l’IA générative en deux ans à peine, il faut accélérer le rythme et investir davantage pour éviter de perdre du terrain.

Et bien sûr, nous devons impérativement interroger la place de l’humain dans cette IA qui devient chaque jour plus complexe et perfectionnée. Comment garder le contrôle ? Et comment faire en sorte que la technologie contribue de façon positive à notre société ? Il est impossible de répondre à ces questions sans une solide culture des données. Il fut un temps où la lecture et l’écriture étaient essentielles à la construction d’une société moderne. Aujourd’hui, les compétences numériques sont les fondations de notre avenir. Mais une chose n’a pas changé : l’école doit préparer nos jeunes à s’adapter à ces transformations.

Phaedra Kortekaas
Managing Director Benelux de SAS

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