Les Indiens risquent de perdre 85 % de leur argent sale

En Inde, les autorités ont décidé de supprimer brutalement les billets de 500 et 1000 roupies, soupçonnés de faire prospérer l’économie souterraine du pays. Les Indiens qui ont dissimulé de l’argent issu du travail au noir sous forme de billets dans ces dénominations pourront en récupérer la moitié lorsqu’ils le rapporteront en banque pour procéder à l’échange s’ils avouent aux autorités fiscales que l’origine de ces sommes est illicite. Dans ce cas, la moitié des sommes en question sera confisquée par l’Etat indien à titre d’impôt sur le revenu ; la moitié du restant (soit le quart de la somme initiale) sera reporté sur un compte non productif d’intérêts, et bloqué pendant 4 ans. Le repentant ne récupérera donc initialement qu’un quart des montants remis.Les fraudeurs indiens qui refuseront de faire cet aveu risquent de perdre 85 % de leur butin si les autorités découvrent par la suite que ces sommes provenaient bien d’activités souterraines.Les billets de 500 et 1000 représentaient environ l’équivalent de 220 milliards de dollars, soit 86 % de l’argent liquide en circulation dans le pays. Ces billets n’auront plus aucune valeur au 1er janvier de l’année prochaine.

Une efficacité qui reste à démontrer

Depuis que la décision de leur suppression est entrée en vigueur, il y a une dizaine de jour, les banques ont déjà reçu l’équivalent de près de 80 milliards de dollars de billets. Mais les analystes estiment que les dépôts dans ces dénominations ont grimpé à environ 100 milliards de dollars.On pense en effet qu’une grande partie des fraudeurs tenteront d’échapper à ces sanctions en divisant leur magot en plusieurs petites sommes, contenant les billets supprimés, et que des proches pourront échanger à la banque contre une petite rétribution. Les autorités ont fait comprendre que les sommes inférieures à 250.000 roupies échapperaient à l’enquête pour déterminer leur origine.Les observateurs notent aussi que les autorités ne disposent pas des ressources nécessaires pour mener les investigations qui permettraient de révéler l’éventuelle origine frauduleuse des billets rapportés pour échange auprès des banques.