Indépendantisme écossais: le Brexit fera-t-il imploser le Royaume-Uni?

L’ex-président du Conseil européen Donald Tusk indique qu’un retour de l’Écosse indépendante dans l’Union européenne serait reçu ‘avec enthousiasme’ par les 27 pays membres.

Ça y est, au bout de longs et nombreux mois de suspense, le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne est enfin acté. Si les pro-Brexit – dont Boris Johnson – exultent, cette séparation ne convient pas à tout le monde. À commencer par l’Écosse, où le spectre de l’indépendance revient en force. En démontre une manifestation pro-UE devant le Parlement écossais pas plus tard que le 31 janvier, jour-J du Brexit.

Bonne nouvelle pour eux: il semblerait que les indépendantistes écossais puissent compter sur le soutien de l’UE, à défaut de Londres. À l’antenne de la BBC, Donald Tusk, ex-président du Conseil européen, a ainsi évoqué dimanche un retour de l’Écosse au sein de l’Union. Selon ses dires, tout le monde à Bruxelles, et plus largement en Europe, serait enthousiaste à la perspective d’accueillir l’Écosse, comme l’indique BFM Business.

D’autant que lors de la nuit fatidique du Brexit, la Commission européenne à Bruxelles s’est illuminée des mots ‘Ecosse’ et ‘Europe’ en bleu, comme un appel du pied bien prononcé. Un geste apprécié et partagé par le parti national écossais au pouvoir, le SNP.

Un indépendantisme au plus fort

L’Écosse tient à l’Europe, on le sait bien. Lors du référendum sur le Brexit, une majorité écrasante de 62 % des Écossais ont voté pour le maintien dans l’Union européenne. L’opposition entre Édimbourg et Londres sur le sujet ne pourrait pas être plus frappante. Et le SNP pro-européen entend bien mettre cette opposition à profit pour exacerber l’indépendantisme chez les Écossais.

Selon une enquête d’opinion, la majorité des Écossais se déclare en faveur de la sécession (51 %), une première depuis 5 ans. On notera surtout que plus de 20 % des électeurs qui avaient voté ‘non’ au référendum d’indépendance en 2014 se sont aujourd’hui convertis au ‘oui’. L’indépendantisme écossais, plus fort que jamais.

La Première ministre Nicola Sturgeon souhaite maintenant concrétiser son objectif d’indépendance. ‘Je veux me concentrer aujourd’hui sur le travail que nous devons faire pour persuader cette majorité que l’indépendance est le bon et le meilleur choix, et comment, ce faisant, nous obtiendrons le droit de la choisir par référendum’ a-t-elle déclaré le jour du Brexit. Pour le secrétaire écossais aux affaires constitutionnelles, un référendum serait d’ailleurs de bon augure cette année…

Sauf qu’il faudra encore patienter jusqu’à 2021, au moins. D’ici-là, une nouvelle demande de référendum sera rejetée par le chef du gouvernement britannique, Boris Johnson. Il a ainsi indiqué il y a trois semaines à peine qu’autoriser un tel référendum poursuivrait la stagnation politique dans laquelle se trouve l’Écosse depuis une décennie. Enfin, selon lui du moins.

Dépendance économique

Au-delà de ses volontés indépendantes, Edimbourg doit aussi penser à sa survie économique. À en croire les commentateurs conservateurs londoniens, l’Écosse n’a économiquement pas le choix: non seulement 60 % de ses exportations s’opèrent vers le reste du Royaume-Uni, mais des indicateurs macroéconomiques lui sont aussi très défavorables.

Et puis, il faut encore relativiser la déclaration de Donald Tusk selon laquelle l’Écosse recevrait l’appui des Vingt-Sept. Certains pays, comme l’Espagne, éviteront sans doute d’encourager les mouvements indépendantistes à l’intérieur de ses propres frontières, la Catalogne en ligne de mire. Rappelons que toute demande d’adhésion à l’Union doit être approuvée par les 27 États membres…

Quid de l’Irlande du Nord et du Pays de Galles?

L’Irlande du Nord a aussi voté pour rester dans l’UE, avec 56 % des voix. Dans ce pays encore marqué par les Troubles avec son voisin qu’est la République d’Irlande, ce divorce inquiète. ‘À qui que vous parliez, pro ou anti-Brexit, tout le monde est inquiet de l’impact sur l’Irlande du Nord car elle suivra les mêmes règles européennes qu’avant en ce qui concerne les douanes et les biens’, a déclaré le Premier ministre irlandais Leo Varadkar. ‘Du côté unioniste, certains craignent que le Brexit ne crée une distance entre l’Ulster et le reste du Royaume-Uni. Et le débat fait rage sur la possibilité que cela ne débouche sur une référendum sur une Irlande réunifiée’.

Le Pays de Galles pourrait bien être le seul pays à se ‘réjouir’ du Brexit, où la majorité des citoyens ont voté ‘Leave‘. Pourtant, ce mot pourrait être exagéré même ici, loin des effusions de joie que l’on pouvait voir dans certaines rues de Londres…

Lire aussi:

Plus