L’argent liquide perd de sa popularité. Néanmoins, selon Philippe Bottequin, directeur général de Brink’s Solutions Belgium, l’argent liquide continue de jouer un rôle crucial dans notre société. « Ce n’est pas une bonne idée d’aspirer à une société sans argent liquide », déclare-t-il dans une interview accordée à notre site. « Que se passerait-il si, en raison d’une panne d’électricité, toutes les solutions de paiement électroniques et numériques étaient soudainement indisponibles ?
Les Belges sont de plus en plus nombreux à saisir leur carte de débit ou leur smartphone pour effectuer un paiement. Une étude récente de la fédération bancaire Febelfin montre que 84 pour cent d’entre eux préfèrent payer avec une application plutôt qu’en espèces. En outre, plus de la moitié de nos compatriotes ont déjà utilisé une solution de paiement mobile au moins une fois cette année. C’est la première fois que ce cap est franchi.
Bottequin n’est pas surpris de l’essor des solutions numériques. « Le gouvernement et les banques nous encouragent à payer le plus possible par des moyens électroniques ou numériques », précise-t-il. Par exemple, à partir de 2022, toutes les entreprises et professions libérales en Belgique devront accepter au moins 1 mode de paiement électronique ou numérique. « En outre, nous constatons qu’il n’est plus aussi évident pour tout le monde de mettre la main sur de l’argent liquide. En effet, de plus en plus de guichets automatiques disparaissent », ajoute-t-il.
L’argent liquide reste une nécessité
Selon le dirigeant de Brink’s Solution Belgium, l’évolution vers une société sans argent liquide n’est pas une bonne idée. « Notre société devient de plus en plus numérique, mais aussi beaucoup moins résistante en cas de défaillance de nos systèmes numériques », prévient Bottequin. « Les récentes pannes d’électricité à grande échelle en Espagne et au Portugal montrent à quel point notre système de paiement numérique est vulnérable en cas de coupure de courant. Il est donc important de disposer de suffisamment d’argent liquide pour faire face à de telles situations. »
Il soutient les banques néerlandaises dans leur message. Le Maatschappelijk Overleg Betalingsverkeer (MOB), une association regroupant la Banque centrale néerlandaise (DNB), des banques et des organisations de consommateurs, entre autres, a conseillé aux Néerlandais, en mai dernier, de se préparer à des situations d’urgence dans lesquelles les systèmes de paiement seraient interrompus pendant 72 heures. « Les consommateurs devraient de préférence conserver environ 70 euros par adulte et 30 euros par enfant en espèces et disposer de plusieurs moyens de paiement », indiquait le message. « Avec ces montants, pour une période de trois jours, les dépenses minimales nécessaires telles que l’eau, la nourriture, les médicaments et le transport peuvent être couvertes.
Actuellement, selon Febelfin, de telles mesures ne sont pas nécessaires dans notre pays. « Les tensions géopolitiques sont sérieuses, mais elles n’ont pas beaucoup changé récemment. Le gouvernement ne signale pas non plus actuellement la nécessité de telles mesures », déclarait récemment Isabel Marchand, porte-parole de Febelfin, à notre site. « Par ailleurs, nous constatons que les banques et les commerces sont préparés à toute perturbation du trafic des paiements. Ils disposent par exemple de solutions de paiement hors ligne. »
Les banques doivent garantir aux citoyens un accès fluide à l’argent liquide
M. Bottequin souligne la nécessité de maintenir un système de paiement qui permette de payer à la fois par voie électronique et en espèces. « L’accent est désormais mis sur les solutions de paiement numérique, mais il est toujours important de continuer à soutenir l’argent liquide. C’est une histoire de « et » et de « et » », ajoute-t-il. Selon le directeur général, le gouvernement prend de bonnes mesures dans ce sens. L’accord de coalition stipule notamment que les banques doivent veiller à ce qu’il y ait suffisamment de distributeurs automatiques de billets dans les rues. Cela devrait permettre à tous les citoyens d’avoir accès à de l’argent liquide.
Mais selon le directeur général de Brink’s Solution Belgium, les décideurs politiques doivent encore prendre d’autres mesures. « Il est nécessaire de mettre en place un plan stratégique qui permettra à notre pays de continuer à fonctionner en cas de défaillance technologique. « Nous demandons donc aux autorités de notre pays d’en faire un point prioritaire de l’ordre du jour et d’élaborer un plan d’urgence pour garantir que notre société puisse continuer à fonctionner même en cas de crise. Nous sommes tous plus numériques que jamais, mais une cyberattaque ou une panne peut nous ramener au siècle dernier. Nous devons absolument éviter cela. Les conséquences économiques pourraient être très graves si les gens n’arrivent soudainement plus à payer. Une société sans argent liquide n’est donc pas sans risque.


