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Il est toujours question de récession aux États-Unis, ce serait juste une question de temps

Il est toujours question de récession aux États-Unis, ce serait juste une question de temps
Jerome Powell – credit : Julia Nikhinson/Getty Images

Les marchés font face à une semaine cruciale. Le président de la Fed, Jerome Powell, s’expliquera sur sa politique durant deux jours face au Congrès, alors que le rapport sur l’emploi américain pour le mois de février est attendu pour vendredi. L’étonnante résistance de l’économie repousse sans cesse la perspective d’une récession. Mais tôt ou tard, il faudra passer par cette récession, comprend-on, car l’inflation ne baissera pas d’elle-même.

Pourquoi est-ce important ?

L'inflation sous-jacente persiste. La hausse des prix, et c'est valable désormais aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, a glissé de l'énergie vers l'alimentaire et les services. Pour l'heure, la politique des hausses des taux d'intérêt n'a que peu d'influence sur l'économie réelle qui résiste remarquablement. La conséquence la plus probable est que les taux continueront de grimper, et qu'ils resteront plus longtemps en place. Cela ne peut signifier qu'une chose : la baisse de l'inflation ne peut que passer par la case récession, ce n'est qu'une question de temps.

Dans l’actu : à quel type de récession les États-Unis vont-ils faire face ?

  • Pour le patron de la Bank of America, Brian Moynihan, les USA font face à une récession de trois trimestres, à partir du 3e trimestre 2023 jusqu’au 1er trimestre 2024.
  • Brian Moynihan ne pas voit pas les taux d’intérêt commencer à baisser avant le 2e trimestre 2024.
  • La « bonne » nouvelle, c’est que cette récession technique devrait être légère, de 0,5 à 1% par trimestre. « C’est une très légère récession dans l’ordre des choses. Je ne pense pas que vous verrez une récession profonde », a affirmé le banquier, cité par Reuters.
  • Une récession dans 6 mois, c’est aussi le titre d’une longue analyse du Wall Street Journal, qui tente d’expliquer pourquoi l’économie américaine (mais c’est vrai aussi pour l’Europe) résiste si bien à la politique de la Fed (et de la BCE).

L’essentiel : pourquoi la politique de la Fed n’a pas d’effet sur l’économie réelle ?

  • L’emploi et la consommation américaine résistent de manière impressionnante. On peut l’expliquer par 4 raisons :
    • Les aides durant la crise sanitaire ont permis aux consommateurs et aux entreprises d’accumuler beaucoup de liquidités. On estime qu’à la mi-2021, les ménages américains disposaient d’une épargne de 1.700 milliards de dollars supplémentaire qu’avant la pandémie. Depuis, les Américains ont largement tapé dans leur épargne. Mais on en voit aujourd’hui encore les effets. Ce qui retarde l’effet des hausses des taux.
    • Les taux bas durant les années 2020 et 2021 ont permis aux entreprises de verrouiller des coûts d’emprunt plus bas. Ces emprunts n’arriveront à échéance que dans les deux prochaines années.
    • Ensuite, les pénuries de matériaux et de travailleurs ont rendu les marchés du logement et de l’automobile, généralement sensibles aux taux d’intérêt, résistants à la hausse des taux. Habituellement, lorsque la Fed agit sur les taux, la demande de logements et de voitures chute, ce qui amène le secteur de la construction et celui de l’automobile à produire moins, et donc à licencier. Ici, ces deux secteurs ont encore du retard à rattraper. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont prolongé le temps nécessaire pour la construction de maisons et la production de voitures.
    • Enfin, les consommateurs ont laissé de côté leur prudence liée à la pandémie : ils augmentent leurs dépenses dans des services qui nécessitent beaucoup d’emplois comme la restauration ou le voyage.

Et maintenant : Que va faire la Fed ?

  • Le mois dernier, la Fed a relevé les taux entre 4,5 et 4,75%, soit le plus haut niveau depuis les années 1980. Le consensus tablait jusqu’à présent sur un pic des taux entre 5 et 5,5%. La prochaine hausse aura lieu pour ce 22 mars.
  • Les économistes de Goldman Sachs ont déclaré dimanche que le plafond pourrait être relevé autour des 6%. Cela pourrait repousser le fameux pic au mois de septembre.
  • Tout dépendra des prochains chiffres de la consommation et de l’emploi américain. D’ailleurs, les marchés seront particulièrement attentifs à ce qui va suivre cette semaine : un rapport sur l’emploi est attendu ce mercredi, avec la publication officielle des chiffres ce vendredi pour le mois de février.
  • Les marchés écouteront également attentivement les explications de Jerome Powell devant le Congrès ce mardi et ce mercredi. Il devrait laisser plusieurs indices sur la politique qui va suivre dans les prochains mois. La résistance de l’inflation sous-jacente ne peut que nous mener dans une seule direction : le resserrement de la politique monétaire de la Fed. Premier élément de réponse ce 14 mars, avec les chiffres de l’inflation pour le mois de février.
  • Le danger, c’est que la Fed aille trop loin. En effet, on estime qu’il faut entre 12 et 18 mois pour voir le plein effet des taux d’intérêt sur l’économie réelle.
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