Il devient de plus en plus difficile d’arrêter de jouer aux jeux vidéos

Cette réalité doit nousamener à nous inquiéter de l’influence de ces sessionsinterminables de jeux vidéos sur la vie des joueurs. Cetavertissement provient de spécialistes de la santé et de parents,explique Sarah Needleman, journaliste au Wall Street Journal.

Needleman fait référenceà une décision de l’Organisation Mondiale de la Santé d’ajouterl’addiction aux jeux vidéos à l’International Classification ofDiseases (Classification internationale des maladies). Il s’agit làde situations où les joueurs, sous l’influence de jeuxinterminables, se désintéressent de tout autre aspect de la vie,malgré les conséquences négatives possibles.

Zones de plaisir du cerveau

« Les concepteurs deces jeux  ont affiné la technologie pendant des années »,dit Needleman. « Il ne s’agit pas simplement de l’aspect, maisd’une élaboration très secrète. Les observateurs ont remarqué queces efforts ont rendu les jeux de plus en plus attractifs etpassionnants. En outre, de plus en plus de jeux sont gratuits etproposés sur divers appareils et apparaissent en outre comme desréseaux sociaux. »

« Les entreprises dejeux proposent de plus en plus de nouveaux sujets afin de rendre lesjoueurs de plus en plus esclaves de cette technologie. Parfois desjeux ne sont proposés que pendant peu de temps, afin que le joueursoit toujours dans la crainte de rater quelque chose. »

« Les jeux vidéossont conçus pour atteindre les zones de plaisir du cerveau d’unemanière qui peut être comparée avec l’influence des jeux dehasard », dit le pédopsychologue David Gentile. Certains jeunessemblent jouer jour et nuit et leur enlever l’ordinateur peut lesplonger dans une véritable crise. Souvent les victimes de cesaddictions n’ont plus aucun intérêt pour aucune activité et il estfréquent que la famille souffre de cette situation.

Les jeux vidéos sont pluspopulaires que jamais. Ces 4 dernières années, le chiffred’affaires mondial des logiciels de jeux a augmenté de 80% pour enarriver à 97,6 milliards de dollars (84,1 milliards d’euros). Lesecteur cinématographique – domestique ou en salle – a enregistrél’an passé un chiffre mondial de 88,4 milliards de dollars (76,2milliards d’euros). Selon les estimations, les jeux vidéos vontenregistrer cette année un chiffre de 108,4 milliards de dollars(93,4 milliards d’euros).

Aspect positif

Les producteurs de jeuxrejettent depuis des années les critiques énoncées à l’égard desconséquences négatives de leurs productions. L’EntertainmentSoftware Organisation, le plus important porte-parole de ce secteur,dit que les avis de OMS sont basés sur des positions largementcontestées et non démontrées.

« Certainspsychologues voient cependant dans cette addiction un côtépositif », dit Sarah Needleman. « La psychologue RachelKowert affirme que les jeux vidéos améliorent les prestations desétudiants en mathématique et en histoire. Elle fait mention aussid’une augmentation de la créativité et de l’esprit decollaboration. »

Selon elle, les critiquessont dues à des craintes d’ordre moral et elle voit plus de positifque de négatif dans ces jeux.

« Pour stimuler encoreplus l’intérêt pour ces jeux, les concepteurs sont passés à dessujets qui encouragent les relations sociales entre les joueurs »,dit Needleman. »De cette manière, les jeux remplacent les lieuxréels de rencontre. »

Epic Games

Une enquête du consultantNielsen a montré que les jeunes Américains ont joué en moyenne,l’année dernière, 7,8 heures par semaine, soit une augmentation de60% en 6 ans. En janvier de cette année, une baisse  estapparue  pour en arriver à une moyenne de 6,5 heures, maisselon le psychologue Kit Yarrow, elle était due à la mauvaisepresse de ces activités.

« Dès que l’individuréalise qu’un problème pourrait exister, il a tendance à réduireson utilisation des jeux vidéos », dit Yarrow.

« Le succès deFortnite révèle beaucoup des tactiques que les concepteursutilisent pour inciter au jeu », témoigne Needleman. « Lejeu est disponible sur plusieurs appareils  – consoles,ordinateurs et smartphones . Certaines versions sont gratuites. »

« Epic Games,propriétaire de Fortnite, change régulièrement le décor et latrame de jeu pour que les joueurs y restent attachés. En outre, dansle magasin du jeu, des objets virtuels sont proposés afin d’inciterles joueurs à adapter leurs personnages et à les montrer à leursamis. »

Parfois des récompensessont accordées à des joueurs réguliers. « Ces pratiquespeuvent entraîner chez certains joueurs  un comportementaddictif et obsessionnel », avertit Patricia Jagoda, professeurde l’étude des médias à l’université de Chicago.

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