L’IA générative va-t-elle protéger ou détruire la démocratie ?

Prédire l’influence de l’intelligence artificielle générative sur la démocratie est un énorme défi. Ses applications potentielles sont encore largement méconnues: elles semblent même illimitées.

Pourquoi est-ce important ?

L'influence de l'intelligence artificielle sur la démocratie est complexe et multiforme : elle peut avoir des conséquences à la fois positives et négatives.

Dans l’actu : la désinformation est déjà devenue un paramètre à prendre en compte pour les élections, à cause des géants de la technologie tels que TikTok, Facebook et Twitter. Des entreprises qui gagnent de l’argent en diffusant des informations douteuses plutôt que correctes.

Les détails :  c’est un problème car plus de 70 pays ont des élections régionales ou nationales prévues d’ici fin 2024. Y compris des nations où des dirigeants autoritaires n’ont fait que renforcer leur emprise sur la population et sur leur appareil de (dés)information ces dernières années. Ces élections affecteront le sort de plus de deux milliards de personnes, principalement dans les pays du Sud.

Le grand point d’interrogation : l’IA et les élections

Zoom avant : on s’inquiète de plus en plus du rôle de l’IA générative, comme ChatGPT d’OpenAI, dans le cadre de ces élections.

  • D’une part, l’IA peut aider à façonner les règles et les structures électorales, compter efficacement les votes et identifier la fraude électorale. Cela peut améliorer la compétitivité des élections, limiter la polarisation politique et accroître la participation électorale.
  • D’un autre côté, la sécurité des systèmes de vote électronique peut être sujette à des piratages ou à des manipulations via l’IA.
    • Dans le même temps, on craint – en particulier aux États-Unis – que l’IA ne soit utilisée pour instaurer gerrymandering encore plus marqué.

Ensuite, il y a le problème de la diffusion de l’information et de la désinformation

  • L’IA peut être utilisée pour détecter et filtrer les fausses informations. Et donc améliorer la qualité de l’information qui parvient au public.
  • Dans le même temps, l’IA peut aussi être utilisée pour générer et diffuser de la désinformation persuasive dans différentes langues. Ce qui peut conduire à tromper le public et à manipuler les opinions.
  • Les systèmes de recommandation des réseaux sociaux alimentés par l’IA peuvent former des chambres d’écho, où les utilisateurs reçoivent surtout des informations qui renforcent leurs croyances existantes, ce qui élargit encore la polarisation.

Révolutionner le processus d’élaboration des politiques

Zoom arrière : pourtant, l’IA générative pourrait révolutionner le processus d’élaboration des politiques en permettant une compréhension plus précise des résultats politiques possibles.

  • L’IA peut aider les décideurs politiques à analyser de grandes quantités de données et à mieux les informer des conséquences potentielles de leurs décisions.
  • Elle est déjà utilisée par des organisations telles que Climate Change AI pour étudier l’impact des conditions météorologiques extrêmes sur les infrastructures.
  • Les forces de l’ordre l’utilisent également pour la surveillance et l’analyse prédictive.
  • Les modèles basés sur l’IA ont fait leurs preuves lorsqu’ils ont anticipé que la Russie envahirait l’Ukraine. Cela alors que Bruxelles et Washington en étaient beaucoup moins sûrs.

Conclusion : les effets indirects de l’IA sur la démocratie peuvent être profonds. Elle peut perturber les marchés du travail, remodeler les systèmes d’information et exacerber la crise de la désinformation. Pourtant, elle peut également apporter des améliorations majeures. L’influence de l’IA générative sur la démocratie est donc complexe et multidimensionnelle. Une réflexion approfondie est nécessaire pour saisir les opportunités et limiter les risques.

(OD)

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