La pharma liégeoise Hyloris arrive en bourse: un chiffre d’affaires mini, mais un intérêt massif de la part des investisseurs

La société pharmaceutique liégeoise Hyloris réalise un chiffre d’affaires annuel d’à peine 91.000 euros et emploie moins de 10 personnes, mais elle vise pourtant une introduction en bourse d’au moins 50 millions d’euros. Comment est-ce possible? Comprendre la première introduction en bourse de l’année à Bruxelles en 8 questions/réponses.

La tension monte chez Hyloris, alors que l’entrée en bourse de la société pharmaceutique liégeoise approche à grands pas. Jeudi après-midi au plus tard, mais peut-être plus tôt, la société clôturera la période de souscription pour les investisseurs privés. Et vendredi, la collecte de fonds auprès des investisseurs institutionnels sera également terminée.

Lundi prochain, Hyloris apparaîtra pour la première fois sur les tableaux de la bourse de Bruxelles.

1. Que fait Hyloris?

Hyloris développe des traitements à base de molécules ou de médicaments dont la sécurité et l’efficacité ont déjà été prouvées. Par exemple, une combinaison de paracétamol et d’ibuprofène, que Hyloris veut commercialiser comme nouveau calmant. Ou encore un médicament contre l’arythmie cardiaque pour lequel l’entreprise aspire à un champ d’application plus large.

Cette approche opportuniste accélère la procédure d’approbation auprès du principal organisme de réglementation américain, la FDA (Food & Drug Administration). ‘Notre stratégie permet de réduire les délais de développement et les coûts par rapport à un processus d’approbation traditionnel’, explique l’entreprise.

2. Quelle est la taille de l’entreprise?

En fait, tout est encore à faire. La société, dont le siège est situé à Liège, a été fondée en 2012 et ne compte que 9,9 équivalents temps plein, en prenant en compte des consultants indépendants. Son chiffre d’affaires ne s’exprime pas encore en millions, mais en dizaines de milliers d’euros. En 2019, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 91.000 euros, et de 63.000 euros au premier trimestre de cette année.

3. Qui est derrière l’entreprise?

Stijn Van Rompay.

Les actionnaires majoritaires actuels sont les fondateurs Stijn Van Rompay et Thomas Jacobsen. Van Rompay est un nom connu dans le monde de la pharma. Stijn (44 ans) est le fils de Leon Van Rompay (70 ans), à l’époque fondateur de la société Docpharma, spécialiste des médicaments génériques. Cette fois encore, Leon Van Rompay est présent, en tant que membre du conseil d’administration.

4. Que signifie Hyloris?

Hyloris signifie ‘high yield, lower risk’ ou ‘rendement élevé, risque réduit’. Cela devrait sonner comme de la musique aux oreilles des investisseurs. ‘Notre nom fait uniquement référence au processus réglementaire d’approbation des produits sur lequel nous nous concentrons et ne fait en aucun cas référence à un investissement dans les actions Hyloris’, souligne toutefois la société.

5. Combien l’entreprise veut-elle lever?

Hyloris souhaite lever au moins 50 millions d’euros en offrant 5 millions d’actions à un prix compris, dans un premier temps, entre 10 et 11,50 euros. Mais cette fourchette vient d’être revue à la hausse: entre 10,75 et 11,50. En cas d’intérêt élevé, des actions supplémentaires peuvent être proposées, portant alors le montant total à environ 74 millions d’euros.

Cela signifierait que l’ensemble de l’entreprise, en plaçant le curseur sur le milieu de la fourchette de prix, serait évalué entre 267 et 284 millions d’euros. Il s’agirait de la meilleure preuve que l’évaluation boursière ne dépend pas du chiffre d’affaires actuel, qui encore très limité, mais bien des attentes pour l’avenir.

Et l’intérêt pour l’entreprise semble grand. À peine un jour après le début de l’offre, Hyloris avait annoncé que l’offre de base de 5 millions d’actions est déjà entièrement couverte, ce qui indique que la demande dépasse l’offre.

6. Quels sont les investisseurs connus qui soutiennent le projet?

L’introduction en bourse a reçu une caution supplémentaire parce qu’un certain nombre d’entrepreneurs belges bien connus ont déjà injecté des millions d’euros dans Hyloris, et qu’ils s’engagent à nouveau en mettant sur la table de grosses sommes d’argent.

Les investisseurs les plus importants:

  • Bart Versluys, célèbre entrepreneur en bâtiment d’Ostende.
  • Noshaq, la société d’investissement liégeoise principalement connue sous son ancien nom Meusinvest.
  • Jos Sluys, qui depuis la vente de sa société informatique Arinso s’est principalement manifesté en tant qu’investisseur.
  • Jean-Claude Marian, fondateur du géant des soins résidentiels Orpea.
  • Les familles Noël et Jolly, qui ont également fait récemment leur entrée dans Econopolis.
  • Dirk Van Prague, dans un passé lointain le dirigeant de la chaîne d’électro Hugo Van Prague.
  • Christian Dumolin, depuis la vente de son entreprise de tuiles Koramic l’un des plus grands investisseurs de notre pays.

7. Quels sont les risques pour le petit investisseur?

Le prospectus de la société mentionne, entre autres, les risques suivants:

  • L’entreprise n’a pas encore généré de revenus substantiels. Plusieurs indicateurs financiers, tels que le résultat d’exploitation ou les capitaux propres, sont donc dans le rouge.
  • Le modèle commercial dépend principalement des produits candidats en phase de démarrage, qui ne disposent pas encore de toutes les autorisations nécessaires.
  • Même s’ils sont approuvés, il n’est pas certain que les médicaments seront un succès commercial.

Ce qui fait également sourciller certains observateurs, c’est que le directeur financier d’Hyloris, Patrick Jeanmart, a démissionné la semaine dernière, alors qu’une introduction en bourse est généralement une étape unique dans la carrière d’un CFO. Selon Hyloris, il s’agit d’un départ ‘par consentement mutuel, pour des raisons personnelles’.

8. Pourquoi l’introduction en bourse est-elle si importante?

Bien qu’en termes financiers, il s’agisse d’une introduction en bourse plutôt modeste, celle-ci revêt une importance symbolique qui ne doit pas être sous-estimée. Non seulement l’opération financière se déroule en pleine crise du coronavirus, mais c’est également la première introduction en bourse sur Euronext Bruxelles cette année. Et la Bourse de Bruxelles a grand besoin de sang neuf.

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