Abordage à l’hélicoptère, tirs de roquettes et de drones explosifs : les rebelles houthis, sous prétexte de faire la guerre au commerce israélien, menacent tout navire voguant en mer Rouge. Une artère essentielle du trafic hauturier mondial.
La piraterie des Houthis en mer Rouge, une nouvelle menace pour 40% du commerce mondial qui fait repartir le pétrole à la hausse

Pourquoi est-ce important ?
C'est la première extension d'ampleur du conflit entre le Hamas et Israël. Les rebelles houthis forment un mouvement armé, politique et théologique qui contrôle une large part de l'ouest du Yémen. Majoritairement chiites, ils sont alliés à l'Iran, dont ils constituent de fait une milice alliée qui sert les intérêts de Téhéran dans la région. Les Houthis ont déclaré la guerre à Israël en soutien au Hamas, et multiplient depuis les attaques contre des navires en mer Rouge, qu'ils soient liés à l'État hébreu ou pas.Dans l’actualité : face à la multiplication des attaques contre des navires civils dans la région, de nombreux armateurs et magnats de l’industrie refusent de risquer leurs navires et leurs cargaisons dans la mer Rouge. Parmi ceux-ci, des grandes compagnies pétrolières, dont BP.
Péril sur le commerce mondial
- Vers une nouvelle crise du fret mondial digne du blocage du canal de Suez ? C’est bien possible, car c’est justement la mer Rouge qui débouche sur ce canal, dans le sens est-ouest. On estime que 40% du trafic maritime mondial passe par ces eaux.
- Le canal même, qui a fait l’objet de travaux pour un milliard de dollars afin d’agrandir sa capacité ces dernières années, voit passer 12% des biens manufacturés dans le monde. Mais aussi 5% du pétrole brut et 8% du gaz naturel liquéfié. Pour l’Égypte seule, il représente un apport de 5 milliards de dollars à l’économie.
- Une véritable artère pour le commerce mondial. Si elle venait à s’encrasser – et c’est déjà arrivé – les conséquences seraient immédiates. Car l’alternative, pour les navires venus d’Asie qui voguent vers l’Europe ou les Amériques, c’est de contourner l’Afrique.
- Le prix du brut a repris sa marche en avant. Le Brent, référence en Europe, affiche 78 dollars le baril. Or, celui-ci s’annonçait à la baisse jusqu’au début de l’année prochaine, au moins, avec des prédictions à 74 dollars, voire à peine 70.
- Or, l’autre grande artère du fret mondial est en bien mauvais état. Le canal de Panama est menacé par la sécheresse, et a été contraint de réduire son trafic au trois quarts de l’activité normale, cet été. La mondialisation se retrouve confrontée aux grands embouteillages maritimes.
Une réponse militaire
La semaine dernière, une frégate française a abattu deux drones lancés par les Houthis et qui semblaient cibler un pétrolier norvégien. Britanniques et Américains estiment en avoir déjà abattu 15 autres.
- Les USA veulent mettre sur pied une coalition navale pour enrayer ce péril. Baptisée « Operation Prosperity Guardian », cette mission internationale comptera les Pays-Bas, la France, le Royaume-Uni, le Canada, Bahreïn, l’Italie, la Norvège, les Seychelles et l’Espagne.
- « L’escalade récente des attaques irresponsables des Houthis en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et viole le droit international », a déclaré ce lundi le ministre américain de la Défense Lloyd Austin dans un communiqué.