Le vote devait initialement avoir lieu le 6 septembre prochain, mais l’élection du conseil législatif de Hong Kong sera finalement reportée d’une année.
Voilà une décision qui risque bien de jeter encore un peu plus de suspicion sur la situation démocratique à Hong Kong. Le chef de l’exécutif, Carrie Lam, vient d’annoncer le report des élections, alors que Hong Kong fait actuellement face à une hausse des nouvelles contaminations. La responsable a également déclaré que la décision était appuyée par Pékin et que son but était de protéger la santé des citoyens.
‘L’annonce que je dois faire aujourd’hui est la décision la plus difficile que j’ai eue à prendre au cours de ces sept derniers mois’, a déclaré Carrie Lam lors d’une conférence de presse. ‘Nous souhaitons garantir l’équité, la sécurité et la santé publiques, et nous devons veiller à ce que l’élection se déroule de manière ouverte, équitable et impartiale. Cette décision est donc essentielle’, a-t-elle ajouté.
Une hausse des contaminations
D’après la législation de Hong Kong, une élection peut être reportée si le chef de l’exécutif de la ville estime que le scrutin est susceptible d’être ‘entravé, perturbé, sapé ou sérieusement affecté par une émeute ou encore, par tout danger pour la santé et la sécurité publiques’.
Le vote doit généralement avoir lieu dans les 14 jours suivant la date initiale, mais le chef de l’exécutif de la ville a également le pouvoir de prendre des règlements en cas ‘d’urgence ou de danger public’.
Le 30 juillet, les autorités faisaient état de 149 nouvelles contaminations, ce qui porte le nombre total de sujets atteints dans la ville à 3.151 cas au minimum, comme l’indique le département de la Santé de la ville.
Un revirement de situation alors que la ville de Hong Kong avait d’abord été saluée pour ses mesures prises face à la pandémie. Hong Kong avait évité une quarantaine généralisée, avant que le virus ne revienne en force au cours de ces dernières semaines.
‘Une entrave’?
La décision de ce report du rendez-vous électoral de septembre intervient dans un contexte de suspicion grandissante vis-à-vis de l’exécutif hongkongais lié à la mise en oeuvre, imposée par Pékin début juillet, de la nouvelle loi sur la sécurité.
L’annonce de ce report, que craignait depuis quelque temps l’opposition, intervient au lendemain de l’arrestation de plusieurs militants indépendantistes et, surtout, l’annonce de l’invalidation de la candidature d’une douzaine de candidats pro-démocratie à ces élections. Dont celle de Joshua Wong, figure emblématique de l’opposition.
Cette disqualification des candidats du camp pro-démocratie a suscité des critiques à l’étranger, notamment de la part du ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab. Il a qualifié cette décision ‘d’entrave au principe d’un pays, deux systèmes’. Le ministre britannique estime également que cela porte atteinte aux droits et libertés garantis dans la déclaration commune et la loi fondamentale de Hong Kong.
‘Un pays, deux systèmes’
Hong Kong était depuis 1997 régie par la politique d’’un pays, deux systèmes’ depuis sa rétrocession par les Britanniques. La déclaration conjointe stipulait que Hong Kong devait bénéficier ‘d’un degré élevé d’autonomie, hormis en matière d’affaires étrangères et de défense’, et de son propre système judiciaire, législatif et exécutif.Les habitants de Hong Kong, région chinoise, devaient en principe jouir de libertés qui n’existent pas sur le continent.
Le 30 juin dernier, la plus haute instance législative de Chine a approuvé la loi controversée sur la sécurité à Hong Kong, ce qui étend considérablement le pouvoir des dirigeants chinois sur la région semi-autonome.
Cette annonce devrait d’autant plus raviver les critiques de l’opposition. Elle estime que la loi interdit un report des élections au-delà de 14 jours mais le délai peut être beaucoup plus long compte tenu de la situation d’Etat d’urgence.