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Comment un meurtre sordide risque de jeter à l’eau tout partenariat entre l’Inde et les Occidentaux face à la Chine

Comment un meurtre sordide risque de jeter à l’eau tout partenariat entre l’Inde et les Occidentaux face à la Chine
Modi, Biden et Trudeau juste avant que l’affaire soit révélée. (Photo by LUDOVIC MARIN/POOL/AFP via Getty Images)

La réunion du G20, qui s’est tenue à New Delhi plus tôt ce mois-ci, a vu les prémisses d’un nouveau partenariat mené par Joe Biden, avec le président indien Narendra Modi à sa droite, pour concurrencer la nouvelle route de la soie chinoise. Sauf que depuis, l’Inde se retrouve au milieu d’une vraie crise diplomatique.

Les faits : ce lundi, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lâché un très gros pavé dans la mare, en évoquant des « allégations crédibles » qui démontreraient que l’Inde est derrière l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar à Vancouver en juin dernier. Celui-ci était un sikh, proche de milieux séparatistes, alors que l’Inde de Modi, pourtant plus grande démocratie du monde, s’appuie de plus en plus sur le nationalisme indou, aux dépens des autres religions du pays.

Un meurtre « inacceptable » qui en rappelle un autre

  • L’Inde, bien sûr, nie. Et la situation a viré à la crise diplomatique sérieuse entre Ottawa et New Delhi, qui a riposté en suspendant l’attribution de visas aux citoyens canadiens. De l’autre côté, la communauté sikhe du Canada salue le geste de son Premier ministre, qui met en avant « leur cause« .
  • Bien sûr, ce meurtre n’est toujours pas élucidé. Mais selon le Financial Times, les suspicions à l’égard de l’Inde ne se limitent pas aux autorités canadiennes. Trois personnes au fait des discussions du G20 entre Biden et Modi confirment que le président américain avait évoqué l’affaire. Et qu’il se faisait là le porte-parole des préoccupations du Five Eyes, un réseau d’échange de renseignements qui comprend les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
  • On n’a pas affaire à un simple fait divers. Or c’est très embarrassant pour tout le monde, car l’affaire ne peut que rappeler l’enlèvement en Turquie, suivi de la torture et du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. De toute évidence commandité par Riyad, autre grande alliée des USA.
  • Or Biden a été critiqué pour sa frilosité à condamner l’affaire, alors que le pétrole saoudien reste une nécessité économique incontournable. Mais c’est d’autant plus choquant que l’Inde est reconnue comme une démocratie ayant fait de grands progrès dans la lutte pour les droits humains, et pas une monarchie absolue et théocratique comme l’Arabie saoudite.

L’affaire des diamants

Les conséquences : puis tout cela tombe au pire moment, pour Joe Biden. Voilà qu’un de ses plus proches alliés au sein de l’OTAN, le Canada, se fâche avec un pays au potentiel économique énorme qu’il tentait de séduire pour mieux faire face à la Chine.

  • Autre sujet à l’actualité qui concerne l’Inde : les restrictions que le G7 tente d’imposer sur le commerce de diamants russes. Or New Delhi est devenue une plaque tournante des cailloux brillants, l’Inde abritant 90 % des activités de taille et de polissage de diamants dans le monde.
  • À Washington, on marche donc sur des œufs, tout e défendant ses grands principes. Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que l’administration prenait ces allégations « au sérieux » et qu’elle défendrait les principes américains, quel que soit le pays concerné. Il a ajouté que les États-Unis menaient des consultations étroites avec le Canada. Cibler des dissidents réfugiés à l’étranger demeure « inacceptable », a ajouté la Maison Blanche.
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