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La guerre commerciale à venir entre l’UE et la Chine sera le dernier clou dans le cercueil de l’automobile allemande

La guerre commerciale à venir entre l’UE et la Chine sera le dernier clou dans le cercueil de l’automobile allemande
L’EU veut riposter face à l’invasion des voitures chinoises. | Getty/ Fotojet

L’Europe s’inquiète : elle craint de troquer sa dépendance passée envers la Russie pour une autre envers la Chine. Cette fois non plus sur les énergies fossiles, mais sur l’aspect technologique de la grande transition : les batteries ion-lithium en général, et les voitures électriques en particulier. Sur ce point, l’UE envisage des frais douaniers punitifs pour enrayer la saturation du marché par les fabricants chinois. Mais ça ne fait pas l’unanimité.

Le contexte : l’Union européenne a ouvert une enquête sur les subventions accordées par Pékin à ses constructeurs de véhicules électriques, qui bénéficient ainsi d’un avantage certain sur tout concurrent qui tenterait de se lancer sur le marché. Or, si l’UE veut électrifier son parc électrique, elle aimerait ne pas le faire entièrement sous l’étoile chinoise. Elle envisage donc d’instaurer des frais de douane supplémentaires. Cela plait en France, mais beaucoup moins en Allemagne.

Les conséquences : l’industrie automobile allemande pourrait être la première victime d’une telle mesure, si d’aventure Pékin ripostait au réflexe protectionniste de Bruxelles. Ce qui s’avère très probable, car un avertissement nous est déjà parvenu de Chine : C’est un acte ouvertement protectionniste qui perturbera gravement l’industrie automobile mondiale et la chaîne d’approvisionnement, y compris l’UE, et aura un impact négatif sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’UE », a réagi le géant asiatique. On peut aussi craindre que celui-ci régule ses exportations de batteries assemblées, mais aussi de lithium raffiné, leur composant le plus important, devenu une ressource stratégique.

« Das Auto » va dans le mur

  • Selon le Financial Times, les magnats allemands du secteur se doutaient bien que quelque chose se tramait en coulisse, mais pas quelque chose « annoncé de manière aussi politique » a confié un initié du secteur au quotidien économique.
  • Or, le marché chinois est essentiel pour les fabricants allemands : BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen écoulent toutes entre 37 et 40% de leurs ventes en Chine. En outre, ces entreprises disposent également d’importantes installations de fabrication locales. Tant de leviers à portée d’une Chine revancharde.
  • Or l’industrie allemande n’a vraiment pas besoin de ça, alors que le pays n’est plus la locomotive économique d’autrefois. C’est d’autant plus vrai pour un secteur automobile qui peine à entamer sa transition, et pour Volkswagen en particulier.
  • Alors que ses compatriotes bénéficient du segment du luxe, « Das Auto« , censée être populaire, se retrouve doublée tant sur sa droite que sa gauche par Tesla et les Chinois. Et elle peine à proposer une alternative électrique, tandis que sa capitalisation boursière ne vaut même plus 10% de celle de Tesla.
  • L’année dernière, Volkswagen a investi 5 milliards d’euros pour inverser la tendance… en Chine.

La France, championne de la ligne dure

Le problème de la concurrence chinoise et de probables ripostes de Pékin à toute mesure protectionniste se posent pour tous les constructeurs européens. Mais tous ne sont pas aussi mal lotis que les Allemands. Les Français, leurs grands rivaux sur le continent, soutiennent au contraire la fermeté envers la Chine.

  • Selon le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, l’UE n’a rien à craindre, étant « l’un des continents économiques les plus puissants » pour reprendre ses mots auprès de Bloomberg TV. Paris tente depuis longtemps de mettre des bâtons dans les roues des voitures chinoises, en les excluant par exemple des systèmes de primes devant encourager le passage à l’électrique.
  • Carlos Tavares, patron de Stellantis, propriétaire de Peugeot, et Luca de Meo, PDG de Renault, tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps sur la concurrence qui vient d’orient. Renault a mis fin à certaines de ses coentreprises en Chine en 2020 et a cessé de vendre son principal véhicule de tourisme dans le pays, rappelle le Financial Times.

« Les Allemands seront bien plus mal lotis que les Français. Ursula von der Leyen a clairement écouté davantage Emmanuel Macron que Olaf Scholz sur ce coup »

Un fournisseur automobile allemand cité par le Financial Times
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