Grèves à la SNCB : « Les syndicats manquent d’empathie »

Les chemins de fer belges sont en grève. La première des deux grèves de 48 heures entrera en vigueur ce soir, 22 heures, et durera jusqu’à jeudi, même heure. Le journaliste spécialiste des chemins de fer, Herman Welter, n’est pas amusé : « C’est un jeu de pouvoir ».

Dans l’actualité : Les syndicats du rail arrêtent le travail pour 48 heures. Les trains circuleront selon un horaire alternatif à partir de 22 heures mardi soir. Les horaires normaux devraient être rétablis à partir de vendredi matin. Une deuxième grève de 48 heures est prévue à partir du mardi 5 décembre au soir.

Conséquences : Selon l’horaire alternatif, seule la moitié des trains IC circuleront mercredi. Parmi les trains L et les trains S, seuls deux sur cinq circuleront. Les trains aux heures de pointe seront pratiquement inexistants, rapporte Het Nieuwsblad. L’application SNCB sera mise à jour mercredi matin pour la journée de grève de jeudi.

  • Herman Welter, expert ferroviaire, explique le problème : « Tout tourne autour du temps de préparation pour les conducteurs. Celui-ci est réduit, ce qui est possible grâce aux nouvelles technologies. Cela conduit à plus d’efficacité et à une productivité accrue, ce que les syndicats remettent en question. Du point de vue des chemins de fer, je pense que c’est défendable. »
  • Le personnel et les syndicats craignent une augmentation de la charge de travail et se disent « déjà à bout de nerfs ». L’obsolescence du matériel et l’arrêt possible du recrutement de personnel sont également des facteurs qui entrent en ligne de compte.
  • Mais la direction de la SNCB, d’Infrabel et de HR Rail ont qualifié le mouvement de grève de « disproportionné et irresponsable ».

« Manque d’empathie »

  • Welter estime que les voyageurs sont les principales victimes de cette situation : « Les voyageurs sont déjà confrontés depuis un an à des trains supprimés, des retards et des trains trop petits, ce qui est certainement un problème aux heures de pointe, car on est alors entassé. Il y a déjà assez de misères sur le réseau ferroviaire et là, vous avez encore deux fois deux jours de grève en plus. On peut le reprocher aux syndicats. »
  • « Il s’agit d’un jeu de pouvoir. Les syndicats ont toujours eu beaucoup de pouvoir, sous prétexte qu’ils font grève dans l’intérêt des voyageurs. Mais cet intérêt, les voyageurs ne le voient pas toujours. Les syndicats ont raison de dire qu’ils ont de moins en moins de personnel sur le terrain. C’est déjà un vieux problème. Mais faut-il faire grève pour cela ? ».
  • « C’est grâce aux voyageurs que ces personnes gagnent leur vie chaque jour, qu’elles ont un emploi stable. Beaucoup de ces navetteurs ne sont jamais sûrs de leur emploi. Ce n’est pas le cas des cheminots, qui sont le plus souvent statutaires. Les syndicats ont trop peu d’empathie », a déclaré Welter.

La SNCB a un monopole

Zoom arrière : la SNCB se prépare-t-elle à plus de concurrence ?

  • « La SNCB a encore pour un temps le monopole du trafic ferroviaire des voyageurs sur le réseau belge. Mais l’Europe dit que nous devons laisser jouer le marché. La SNCB veut aussi se préparer à devoir faire face à des appels d’offres si cette concurrence du marché devient réalité et que d’autres acteurs peuvent participer. Alors, la SNCB doit se montrer efficace et avoir une productivité élevée », avance l’expert.
  • Les heures de grève choisies sont également une épine dans le pied : « Elles commencent toujours à 22 heures, la veille. C’est un problème qui dure depuis des années ».
  • « Les voyageurs sont certes informés à l’avance, mais le goût reste amer. Ils ont déjà subi beaucoup de problèmes et sont encore une fois punis pour des choses auxquelles ils n’ont rien à voir. Prendre le train, c’est toujours un peu voyager et un peu s’agacer ».

(JM)

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