Le grand ras-le-bol du tourisme de masse : de plus en plus de villes ou de régions veulent limiter l’afflux de touristes à la belle saison

L’Europe est parsemée de villes touristiques, que ce soit pour leur patrimoine, leurs panoramas ou tout simplement leur vie nocturne. Mais elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir limiter l’afflux de visiteurs, au nom de la préservation du confort des habitants ou de l’écosystème de la région. Le tourisme de masse, un modèle économique dépassé ? Le nombre d’endroits qui s’estiment saturés se multiplie en tout cas rapidement.

Les vacances de Pâques s’achèvent – sauf en Belgique francophone où elles ont été décalées – et celles d’été arrivent à grands pas. L’ambiance est aux terrasses et aux envies d’ailleurs. Sauf que la perception du tourisme change, en particulier dans les lieux les plus populaires, où le poids économique du tourisme pèse de moins en moins dans la balance face à ses nombreuses nuisances.

Tyrol du Sud

Dans l’actualité : Cette semaine, la région italienne du Haut-Adige, également connue sous le nom de Bolzano, région du Tyrol du Sud, dans le nord du pays, a introduit une limitation au nombre de nuitées accordées aux touristes. Celles-ci seront plafonnées au niveau de 2019, de même que toute nouvelle ouverture d’hébergement – à moins qu’un autre n’ait fermé ses portes. De facto, la région ne veut pas voir augmenter le nombre de touristes présents simultanément au-delà du niveau pré-pandémie.

  • La région, voisine de l’Autriche, est très populaire auprès des étrangers avides de montagnes (la chaîne des Dolomites est toute proche), de randonnée et de lacs. Mais les habitants veulent en garder un peu pour eux, et surtout la préserver.

Nous avons atteint la limite de nos ressources, nous avons des problèmes de circulation et les habitants ont du mal à trouver un endroit où vivre. Le secteur du tourisme est très important pour nous, pour l’emploi et l’économie, mais nous avions atteint la limite, alors nous avons pris ces mesures pour garantir une meilleure gestion du flux de personnes et pour garantir l’hébergement des touristes. En 2022, la région a enregistré 34 millions de nuitées. À certaines périodes de l’année et dans certaines zones, c’est devenu beaucoup. »

Arnold Schuler, responsable du tourisme dans la province et auteur de la proposition de loi, sur CNN

Ailleurs en Italie

Cette région du nord n’est pas la seule à en avoir marre de l’afflux touristique : l’année dernière, le gouvernement italien a décidé de limiter le nombre de visiteurs autorisés à entrer à Venise.

  • Depuis 2022, les voyageurs ne peuvent plus visiter la cité des doges qu’après avoir réservé en ligne et payé 5 euros. Une manière de réduire le tourisme d’un jour, « ce qui fatigue et stresse la ville » selon les mots de Simone Venturini, adjoint du maire de la ville au Tourisme.
  • En 2021, Venise avait vu passer 100.000 touristes par jour. Et à l’échelle du pays, on estime que le nombre de visiteurs avait doublé en 2022 par rapport à l’année précédente, encore marquée par les restrictions.
  • De même à Amalfi, les autorités locales ont mis en place un système limitant l’accès à la fameuse route qui alterne l’accès à la célèbre route de 35 kilomètres entre Vietri sul Mae et Positano. Les jours impairs, seules les voitures dont la plaque d’immatriculation se termine par un chiffre impair sont autorisées à circuler sur la route, et vice-versa.

Barcelone et Majorque

Depuis l’été dernier, la cité catalane a durci les règles, en particulier pour les grands groupes de touristes. Ceux-ci sont limités à un maximum de 30 personnes, qui tombe à 15 dans les rues très étroites de la Ciutat Vella, le quartier le plus ancien de la ville.

  • Les guides ont interdiction d’utiliser des porte-voix, voire de parler trop fort et un sens de circulation a été imposé.
  • Barcelone est une des cités les plus dynamiques d’Espagne, mais les habitants grognent de plus en plus sur les conséquences de cet afflux humain sur leurs conditions de vie. Barcelone attire plus de 27 millions de touristes par an, et la maire de la ville, Ada Colau, veut y mettre un stop en fermant les appartements qui leur sont spécifiquement destinés ou en limitant les entrées dans le port.
  • Playa de Palma, à Majorque, a également introduit des restrictions pour les touristes pendant la saison estivale, ainsi qu’un code vestimentaire minimal pour entrer dans les bars et les restaurants.

Marseille

Les touristes ne pourront plus visiter les Calanques de Marseille, dans le sud de la France, sans réserver leur visite, car des limitations du nombre de visiteurs ont été introduites dans la région afin de protéger l’écosystème fragile de la région, qui est une réserve naturelle, rappelle Schengen Visa Info.

  • « Les calanques de Sugiton et de Pierres Tombées sont victimes d’une très forte érosion des sols due à la surfréquentation. Ce phénomène menace les paysages que nous aimons tant et la biodiversité », a déclaré le Parc national des Calanques dans un communiqué.

Amsterdam

Plus récemment, c’est la capitale de nos voisins du nord qui en a eu marre. Il faut dire que la ville attire entre autres une faune particulière, attirée par sa réputation festive, mais aussi sa législation permissive sur le cannabis, et sur la prostitution.

  • Les Amstellodamois ont très médiatiquement décidé de décourager les publics les plus « à risque » avec une campagne de sensibilisation en ligne. Les personnes qui recherchent des termes tels que « enterrement de vie de garçon à Amsterdam », « hôtel bon marché à Amsterdam » ou « tournée des bars à Amsterdam » sur Internet avant de se rendre dans la ville néerlandaise verront s’afficher de courtes vidéos soulignant « les risques et les conséquences des nuisances et de la consommation excessive d’alcool et de drogues », selon la ville.
  • Sont directement visés les hommes britanniques âgés de 18 à 35 ans, mais la campagne pourrait être étendue aux touristes nationaux ou à d’autres pays dans le courant de l’année. Amsterdam accueille environ 20 millions de touristes par an. Or, ils se retrouvent suffisamment ivres ou sous les effets de stupéfiants en rue pour devenir un véritable sujet de société.
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