Google se préparerait-il à lancer le Netflix des jeux vidéo ?

Lors de sa Game Developers Conference, qui se tiendra aujourd’hui à San Francisco, Google devrait présenter sa « vision de l’avenir du gaming ». Celle-ci devrait accorder une place centrale à un projet qui a pour nom de code « Project Stream », et qui concerne un service de jeux vidéo.

Ce service est évoqué dans une vidéo teaser publiée sur les réseaux sociaux pour annoncer cet événement. Il permettra aux utilisateurs de jouer à des jeux en streaming à la demande sur leur ordinateur, ou sur leur écran de télévision. Le service proposera les jeux les plus sophistiqués, et tous les joueurs y auront accès, même si les spécifications techniques de leurs appareils sont très modestes.

Un abonnement mensuel à la Netflix ?

Ils n’auront pas non plus besoin d’acquérir une console Xbox ou autre. En revanche, on ignore s’il sera possible de lancer ces jeux à partir de Chrome, ou si les utilisateurs devront acquérir un boîtier ou un appareil dédié pour leur réception.

En échange, les utilisateurs de ce service de « cloud gaming » devront peut-être payer un abonnement mensuel, comme cela se fait pour le service de vidéo à la demande Netflix. Ce service serait en phase de tests depuis l’automne dernier.

Une révolution dans le gaming

Selon les experts marketing, ce projet est très prometteur et augure probabement ce que sera l’avenir du gaming. Le marché du gaming pèse 180 milliards de dollars par an. Il n’est pas douteux qu’en cas de succès de ce service, d’autres poids lourds du cloud, dont Amazon et Apple, se lanceront eux aussi sur ce créneau. « Project Stream » pourrait donc annoncer rien de moins que la nouvelle révolution du jeu vidéo « depuis que Super Mario a atterri dans le salon après avoir sauté des jeux Arcades », écrit Bloomberg.

D’ailleurs, Google n’est pas tout à fait pionnier de ce nouveau marché, puisque Nvidia Corp, un fabricant de puces non connu pour ses produits de consommation, a été l’un des premiers à vendre une console de jeux en streaming basée sur Android de Google. De même, Amazon a déjà commencé à se constituer une équipe d’experts du gaming. Il a déjà recruté l’ex-responsable de la franchise Command & Conquer.

Mais il faudra convaincre les concepteurs de jeux

De l’autre côté, les grands spécialistes du jeu se préparent à cette évolution du marché. Sony propose depuis des années PlayStation Now, un service par abonnement. Electronic Arts a racheté l’année dernière une société de streaming et développe actuellement une plateforme appelée Atlas. Et la semaine dernière, Microsoft Corp. a présenté une démonstration du projet xCloud, qui permettra aux joueurs de jouer à des jeux sophistiqués comme Forza Horizon 4, un jeu de course en ligne, depuis n’importe quel appareil doté d’un écran et d’une connexion Internet.

Mais il faudra aussi compter sur les concepteurs de jeux vidéo, qui ne verront peut-être pas d’un bon oeil l’adoption du business model de Netflix dans leur secteur. Comme c’est le cas pour les studios de cinéma, ils y verront peut-être une menace de cannibalisation de leurs marges. Pour éviter cet écueil, ils ne consentiront probablement à céder que les versions les plus anciennes ou les plus basiques de leurs jeux. Or, les joueurs ont déjà montré par leur manque d’enthousiasme pour les services d’abonnement actuels que ces jeux-là ne les intéressaient guère.

Néanmoins, la part de marché qui reste à conquérir est énorme, comme le souligne l’analyste boursier de Wedbush Michael Pachter : « Il y a quelques milliards de personnes qui ont accès à Internet et seulement 250 millions de consoles ».

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