Le vrai gagnant – économique – de la Coupe du monde c’est Dubaï, pas le Qatar

Le Qatar s’improvise le centre du monde le temps d’une compétition de football – avec pas mal de ratés. Mais à une heure de vol en avion, la mégapole qui est capitale économique des Émirats arabes unis s’était bien mieux préparée à l’afflux des supporters.

Pourquoi est-ce important ?

Accueillir une Coupe du monde de football est une occasion immanquable pour un pays de soigner son image, de conclure des contrats juteux, et de booster son économie par le tourisme footballistique. Dans le cas du Qatar, c'est bien parti pour virer à l'échec sur toute la ligne. Mais les Émirats arabes unis voisins, et en particulier leur capitale économique Dubaï, pourraient bien s'attirer tous les bénéfices.

Dans l’actu : la grande destination touristique des pays du Golfe, ça n’est pas le Qatar mais la cité de Dubaï. Et la mégapole de l’extravagance sans retenue a été proclamée « principale porte d’entrée » de la Coupe du monde par Paul Griffiths, PDG de Dubai Airports, rapporte CNBC.

  • L’accueil des fans de foot n’est pas exceptionnel au Qatar, et nombreux sont ceux qui ont fait le déplacement pour l’occasion qui s’en plaignent sur les réseaux sociaux- du moins ceux qui n’ont pas été dérangés par les milliers de victimes parmi les travailleurs forcés qui ont construit les infrastructures.
  • Une manne touristique qui se détourne donc de la monarchie absolue pour une autre, plus habituée à l’accueil des touristes étrangers (et fortunés) : Dubaï. Selon le Conseil des sports de la ville, celle-ci devrait accueillir un million de visiteurs supplémentaires durant la compétition.
  • Dubaï profite de sa proximité avec le Qatar jusqu’au surréalisme : la ville se situe en effet à une heure de vol du pays-hôte de la FIFA, et propose donc sans vergogne des « navettes aériennes des jours de match » exploitées par Qatar Airlines et la compagnie low cost FlyDubai. Au départ de Dubaï ou d’Oman, les fans de foot peuvent faire l’aller-retour sur 24h les jours de match.
  • 120 vols navettes sont prévus chaque jour depuis l’aéroport Dubai World Central jusqu’à la fin du tournoi. Et tant pis pour le bilan carbone complètement aberrant de ces vols d’une heure.

« À seulement une heure de vol du Qatar, Dubaï est une destination familière pour les voyageurs du monde entier. Son infrastructure touristique et ses conditions d’entrée simples en font une base pratique pour les fans de la Coupe du monde. »

Taufiq Rahim, chargé de recherche à la Mohammed bin Rashid School of Government, auprès de CNBC

Le contexte : accueillir des centaines de milliers de fans pour une compétition sportive de renommée internationale constitue une très bonne vitrine pour un pays. Mais ce genre de soft power ne s’improvise pas : la Russie l’avait constaté à ses dépens aux JO d’hiver de Sotchi, en 2014. Et elle en avait pris bonne note lors de la Coupe du monde de 2018. Le Qatar subit comme pression supplémentaire le décalage entre son infrastructure hôtelière et celle de Dubaï.

  • Le Qatar devait disposer de 45.000 chambrées début novembre, tout en renforçant son offre à l’aide de bateaux de croisière, de pavillons improvisés, voire de camping. En face, la capitale économique des Émirats dispose de 140.000 chambres d’hôtel.
  • 43 zones de supporters ont été mises en place pour suivre les matches depuis Dubaï, dont certaines capables d’accueillir 10.000 personnes.
  • La ville est en outre plus permissive avec certains sponsors traditionnels de la FIFA, en particulier Budweiser, qui a subi de plein fouet la décision finale de ne pas vendre d’alcool dans les stades. Le marketing pour le géant de la bière a en outre été brimé par les autorités qataries – malgré les 75 millions de dollars investis. Mais à Dubaï, Budweiser a pu installer sa zone officielle BudX pour accueillir les supporters dans une enceinte dédiée au marketing.
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