G20 : l’Europe s’exprime, personne ne l’écoute

Peu d’images reflèteront mieux l’état actuel du monde que la photo de groupe du G20 qui a fait le tour du monde samedi.

Au centre, l’hôte japonais Shinzo Abe, flanqué du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman (MbS) à sa droite et du président argentin Mauricio Macri à gauche. Puis à droite de MbS, le président américain Donald Trump et le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan. Liens de Macri, Vladimir Poutine et Xi Jinping.

Le président français Emmanuel Macron est pratiquement à l’extrême gauche. La chancelière allemande Angela Merkel à l’autre extrême. Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, respectivement président de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe, sont à peine visibles. La coïncidence du protocole, dit-on. A moins que…?

Le fait que, selon les Nations Unies, le prince héritier saoudien ait joué un rôle de premier plan dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi ne semble pas poser de problème dans le rassemblement important du G20. Ni celui que le président russe Poutine ait annoncé la fin du libéralisme dans le Financial Times de samedi. Malgré la réponse brillante que le président européen Donald Tusk lui avait donnée.

La présidence de la télé-réalité

Les événements de ces derniers jours ont une fois de plus poussé l’Europe complètement en marge de ce G20. C’est en effet le président américain Trump qui une une fois de plus, a réduit sa présidence à rien de moins qu’une émission de téléréalité. Et dans laquelle il échange en temps voulu des protagonistes nationaux contre des acteurs internationaux.

L’autre photo du week-end a été prise dans la zone démilitarisée DMZ. C’est la frontière qui sépare la Corée du Sud de la Corée du Nord. On y voit le président américain Trump avec le dictateur Kim-Jong Un, âgé de 33 ans. Une séance photo s’en est suivie qui a été bruyamment commentée par la presse mondiale. Dans le seul but de prouver que Kim et Trump s’entendent le mieux du monde. entretemps, Trump a officiellement invité « Rocket Man » à lui rendre visite à la Maison Blanche. Un week-end très difficile sans doute pour les familles Warmbier et Khashoggi. « Et alors ? », Pensera-t-on à Washington, Riyad et Pyongyang.

En temps de guerre commerciale, un accord commercial

L’accord que Juncker a pu annoncer samedi entre l’UE et les pays du Mercosur a suscité beaucoup moins d’attention. Après presque 20 ans de négociations, l’UE a conclu un accord commercial avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Cet accord vise à rendre les exportations entre les deux blocs moins chères. Les droits de douane qui les grevaient seront annulés. Juncker a parlé d’un moment historique. « En pleine guerre commerciale, nous envoyons le message que nous défendons le commerce sur la base d’accords ». Mais le reste du monde n’a guère été impressionné.

De plus, le fait que le Brésil et la Turquie aient décidé à contrecœur de rester dans l’accord de Paris sur le climat pour le moment ne pouvait pas vraiment être vendu au monde comme une victoire par le président français Macron. « Nous avons réussi à éviter un retour en arrière », a-t-il dit. Alors que Trump maintient l’Amérique isolée du reste du monde. De plus, les jeunes de Washington et de Chine ne semblent pas vraiment être préoccupés par le climat. Le reste du sommet a également attiré l’attention de la presse mondiale concernant les négociations avec lesquelles la Chine et les États-Unis tiennent le reste du monde en haleine depuis des mois. Vous ne lirez presque rien sur l’Europe dans la presse internationale.

Qui devez-vous appeler si vous voulez parler à l’Europe?

Malheureusement, le sommet a de nouveau montré que l’Europe restait un suiveur absolu sur la scène mondiale. « À qui puis-je m’adresser si je souhaite parler à l’Europe ? » C’est une question qui a été attribuée à l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger pendant des décennies. Kissinger a maintenant 96 ans et, selon des initiés, il n’aurait même jamais posé la question. Heureusement, car même après le sommet du G20, elle reste sans réponse.

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