Parfum de sandale à la Chambre, dans l’antre des lois de ce pays. Car il apparaît que cette même assemblée a violé ses lois, pour son propre personnel ainsi que pour ses anciens présidents. C’est ce qui est apparu aujourd’hui lors d’une réunion du Bureau de la Chambre, où la présidente Eliane Tillieux (PS) a informé tous les chefs de groupe qu’un régime illégal qui perdure depuis des dizaines d’années.
L’ancien président de la Chambre, Herman de Croo, a-t-il reçu 6.688 euros par mois pendant des années, alors qu’il n’y avait pas droit légalement ? Tout porte à le croire.
- Au sein du Bureau de la Chambre, plusieurs chefs de groupe et présidents de parti ont réagi avec consternation : comment une telle chose peut-elle se produire, sur un sujet aussi sensible que les indemnités des politiciens ? Plusieurs sources soulignent que ce système est resté caché longtemps sous le tapis, car il bénéficiait aussi à des hauts fonctionnaires de la Chambre. Plusieurs partis ont exigé que ce régime soit abrogé et même que les montants soient remboursés. Politiquement, il semble difficile d’imaginer que cela ne se produise pas.
- En attendant, il a déjà été décidé en interne d’arrêter immédiatement le dispositif. « La Chambre étudie la manière dont elle peut récupérer les montants versés », a indiqué un initié.
De quoi s’agit-il ?
En 1978, la loi Wijninckx a mis en place un plafond pour les pensions des fonctionnaires. Concrètement, la pension d’un fonctionnaire ne peut dépasser 93.760,79 euros par an, soit 7.813,40 euros bruts par mois, selon le site web de l’Office fédéral des pensions.
- Or, il s’avère aujourd’hui que 8 hauts fonctionnaires de la Chambre, ainsi que les anciens présidents Siegfried Bracke (N-VA) et Herman De Croo (Open Vld) ont perçu une pension supérieure à ce que permet le plafond Wijninckx. Dans le cas de De Croo, il s’agit d’une pension complémentaire de 6.688 euros par mois, dans le cas de Bracke, on parle de 3.000 euros. Selon des sources à la Chambre, le montant total se chiffre en centaines de milliers d’euros depuis 1998.
- C’est l’actuelle présidente de la Chambre, Eliane Tillieux, qui a découvert le pot aux roses, faisant mener l’enquête par des services juridiques. Gros embarras : sa propre assemblée fait des affaires illégales, par le biais d’une sorte d’arrangement dont personne n’était au courant. En plus de cela, la fonction de président de la Chambre est déjà assez bien rémunérée en soi : en 2017, il a été décidé que le président ne pouvait gagner qu’un euro de plus que le Premier ministre, soit quelque 290.000 euros bruts par an, ou plus de 24 000 euros bruts par mois.