Après avoir créé une véritable alliance nucléaire européenne, la France souhaite désormais obtenir la neutralité technologique de cette énergie dans les textes européens, au même titre que les énergies renouvelables.
Dans l’actu : Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique, milite pour que l’énergie nucléaire soit traitée sur un pied d’égalité avec les sources renouvelables d’énergie dans les législations européennes.
- « Il faut qu’il y ait une neutralité technologique dans tous les textes européens. Nous devons avoir le même type de législation pour le nucléaire et pour les énergies renouvelables », a-t-elle indiqué à CNews.
- Elle souligne que 16 des 27 États membres de l’Union européenne soutiennent le nucléaire, à contre-courant de l’Allemagne, de l’Autriche, et du Luxembourg, entre autres.
- Au sujet de l’Allemagne, le pays a mis hors service ses derniers réacteurs le mois dernier, l’obligeant ainsi à assurer son approvisionnement énergétique sans recourir à l’énergie nucléaire ou au gaz naturel en provenance de Russie, s’appuyant au contraire sur le… charbon, combustible le plus polluant au monde et principal facteur du changement climatique. Berlin vise à éliminer progressivement la production d’électricité à partir du charbon d’ici à 2030.
- Des plans complètement à côté de la plaque si on regarde l’objectif européen d’utiliser pour 2030 au moins 42% d’énergie renouvelable dans la consommation énergétique du continent.
- De son côté, la France s’appuie sur le nucléaire comme principale source d’électricité.
- La ministre n’hésite pas à tacler le voisin allemand pour justifier ses revendications : elle avance que la France a réduit l’an dernier ses émissions de gaz à effet de serre de 2,5%, grâce au nucléaire (mais en réalité, surtout grâce à la réduction de la consommation en pleine crise énergétique). De son côté, l’Allemagne a réduit ses émissions de 1,9%, et ce malgré sa dépendance au gaz russe, félicite tout de même Agnès Pannier-Runacher.
- Mais cela ne l’empêche pas de donner des leçons à son voisin outre-Rhin : « Il faut maintenant qu’elle accélère » dans la réduction des émissions, a-t-elle indiqué en faisant référence à l’Allemagne.
« Chaque pays est libre de son mix énergétique »
Le contexte : Début mars, la France a lancé une véritable alliance nucléaire pour accélérer le progrès de l’énergie nucléaire en Europe, un des enjeux majeurs du second quinquennat d’Emmanuel Macron.
- Mardi dernier, la ministre en charge de l’Énergie a convoqué à Paris les représentants de 15 pays européens liés de près ou de loin à l’alliance nucléaire (dont la Belgique), ainsi que la commissaire européenne à l’Énergie. La réunion a principalement porté sur le développement de l’industrie nucléaire en Europe.
- Toujours la semaine dernière, la ministre avait assuré à France TV que le fait que l’Allemagne tourne le dos à cette alliance « ne pose pas de problème parce que nous sommes aujourd’hui majoritaires en Europe. Chaque pays est libre de son mix énergétique« .
- Elle s’était aussi vantée sur Europe 1 que la France est « le seul pays à avoir construit de nouveaux réacteurs de forte puissance en Europe depuis une vingtaine d’années. »
Objection : L’énergie nucléaire est loin d’être renouvelable. La considérer au même titre que l’énergie solaire ou éolienne, par exemple, est un non-sens écologique.
- L’énergie nucléaire est produite par la fission des atomes d’uranium. Bien que l’uranium soit un matériau naturel, la quantité produite par la nature n’est pas suffisante pour répondre à la demande humaine en matière de production d’électricité. Et le combustible utilisé n’est pas renouvelable.
- Derrière cette revendication française pour le nucléaire se cachent en réalité des enjeux économiques : l’énergie nucléaire représente une solution « facile » faible en émissions de carbone, loin devant les panneaux solaires et l’éolien, encore trop sous-exploités.
- L’objectif de l’alliance est de prouver que l’énergie nucléaire est essentielle pour garantir l’indépendance énergétique face aux approvisionnements en gaz et pétrole russes ainsi qu’aux panneaux solaires chinois.
- Une préoccupation qui trouve d’autant plus écho auprès de nombreux pays qu’il s’agit d’un enjeu crucial pour l’industrie avec la création de milliers d’emplois.