Web Analytics

Floués par les taux dramatiques des banques, les épargnants décident de placer leur argent ailleurs

Floués par les taux dramatiques des banques, les épargnants décident de placer leur argent ailleurs
Getty Images

Les taux d’intérêt de la BCE sont en hausse, mais les taux d’épargne ne suivent pas. De quoi décevoir les épargnants : certains n’hésitent plus à retirer leurs billes et à les placer ailleurs. Ainsi, les dépôts sont en baisse et les afflux vers d’autres produits d’investissement augmentent. Mais la grogne des épargnants n’a pas encore de quoi inquiéter les grandes banques européennes.

Le constat : Les taux d’intérêt élevés et les taux de d’épargne bas.

  • Depuis près d’un an, la BCE augmente les taux directeurs. Le taux de dépôt – commission que les banques reçoivent sur l’argent qu’elles déposent auprès des banques nationales – est désormais de 3,25%.
    • Les taux d’intérêt sur les prêts ont aussi augmenté depuis. Les revenus des banques augmentent en conséquence, comme on peut l’observer dans les résultats trimestriels. BNP Paribas rapportait par exemple des bénéfices « record » de 4,4 milliards d’euros cette semaine.
  • Les taux d’épargne, cependant, ne suivent pas le même mouvement. En Belgique par exemple, toutes les grandes banques proposent un taux inférieur à 1%.

Des milliards d’euros sortent des coffres, ou n’y entrent plus

Résultat : les épargnants retirent leurs billes des comptes bancaires…

  • Les banques constatent une baisse des dépôts, selon un tour de table de Reuters. -1,6% par exemple sur le premier trimestre pour UniCredit. La banque britannique NatWest note un retrait de 11 milliards de livres sur le trimestre, tandis que chez HSBC, Barclays et Lloyds constatent une baisse des dépôts de respectivement 10 (à 1,6 milliard), 5 et 2,2 milliards de livres.
    • En Allemagne, la Banque nationale note une baisse de 8%. En France, BNP Paribas fait part d’une baisse « modeste ». En Belgique, légère baisse aussi en ce début d’année, selon les chiffres de la Banque nationale.
    • Parmi les grandes banques, l’espagnole Santander est la seule à constater une augmentation des dépôts, de l’ordre de 6%. Ce n’est pas surprenant : son taux d’épargne est plus élevé que celui d’autres banques. Sur le marché belge, le taux d’épargne est même le plus élevé du marché.
  • Voilà un phénomène appelé un bank walk (marche lente en dehors des banques), par contraste à un bank run (fuite massive en dehors des banques).

Conséquence : … pour les placer ailleurs.

  • Les premiers à profiter de ces retraits ou baisses des dépôts seraient les fonds monétaires (money market funds). Ces portefeuilles comprennent « des liquidités, les titres équivalents à des liquidités et les titres de créance assortis d’une cote de crédit élevée et d’une échéance à court terme », selon une définition d’Investopedia. Ils sont réputés pour être des placements avec plutôt peu de risques.
  • Avec les hausses des taux d’intérêt, le rendement de ces actifs augmente. Et les investisseurs accourent. Selon les données de Refinitiv, relayées par Reuters, les fonds monétaires européens ont vu des afflux (nets) de 34 milliards d’euros sur le mois de mars. C’est plus que tout autre type d’actif.

La grogne des épargnants n’a pas (encore) de quoi inquiéter les banques

Zoom arrière : pas de fuite en vue, les banques sont confiantes.

  • Un bank run peut vite faire vaciller une banque, comme nous l’avons constaté à plusieurs occasions ces deux derniers mois, aux États-Unis et en Suisse.
  • Mais on n’en serait pas encore là. Dans les rapports sur ces baisses de dépôts, les banques soulignent que leurs liquidités restent importantes. HSBC par exemple indique qu’il ne s’agit de « rien de significatif ». Standard Chartered estime qu’à la fin, les clients mettront de toute façon la priorité sur la sécurité plutôt que sur le rendement.
  • De fait, les Européens restent très attachés à l’épargne. Mais si la grogne continue et que les dépôts baissent davantage, jusqu’à commencer à inquiéter les géants du secteur, on peut imaginer que les banque augmentent les taux (légèrement) pour de nouveau attirer les épargnants et cautériser les saignements.
Plus d'articles Premium
Plus