Sauvée in extremis, First Republic est loin d’être tirée d’affaire : la banque prévoit des licenciements massifs et son futur est « incertain »

First Republic a été victime de retraits massifs de dépôts au premier trimestre à la suite de la faillite de Silicon Valley Bank. Les déboires ne sont pas terminés : sa situation la pousserait à licencier jusqu’à un quart de son personnel et qui met sa rentabilité en danger.

Pourquoi est-ce important ?

Après l'hécatombe de plusieurs banques régionales américaines en mars et leurs répercussions jusqu'en Europe, coïncidant avec la chute de Credit Suisse, un certain calme semble avoir regagné le secteur bancaire. Mais il ne faut pas souffler trop vite, la tempête n'est sans doute pas encore finie, en tout cas pas pour First Republic.

Dans l’actu : Lundi, First Republic a annoncé avoir perdu un total net de 72 milliards de dollars de dépôts au cours du premier trimestre.

  • Ces pertes auraient même dépassé les 100 milliards de dollars sans l’intervention de secours des 11 plus grandes banques américaines.
    • À la mi-mars, JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup, Goldman Sachs, Morgan Stanley, PNC Financial, Truist, BNY Mellon, State Street et U.S. Bank ont convenu d’injecter 30 milliards de dollars pour sauver First Republic et éviter une contagion à tout le secteur bancaire.
    • La banque avait été victime d’un bank-run à la suite de la faillite de Silicon Valley Bank
  • Malgré ces mesures, le total des dépôts de First Republic a encore diminué de 41% au cours du trimestre, pour atteindre 104,4 milliards de dollars, selon son rapport sur les résultats du premier trimestre publié lundi.
  • La chute des dépôts a même éclipsé les bénéfices qui ont dépassé les attentes.
    • La banque a réalisé un bénéfice de 1,23 dollar par action au cours des trois premiers mois, bien au-dessus des 85 cents par action estimés par les analystes.
  • Les retraits se sont toutefois stabilisés en avril, mais les dépôts ont continué de diminuer légèrement.

Réaction : Ces résultats ont plombé l’action First Republic.

  • Après avoir clôturé Wall Street en hausse de 12%, l’action a chuté jusqu’à 21% dans les heures après-bourse.
  • Depuis le début de l’année, le titre a chuté de plus de 85%.

Licenciements massifs et rentabilité en péril

À suivre : Les turbulences sont loin d’être terminées pour First Republic – et pour le secteur bancaire plus large.

  • Les dirigeants de la banque prévoient désormais de réduire les effectifs de 20% à 25% au cours du trimestre en cours.
    • Avec 7200 employés actuellement, ces licenciements pourraient affecter 1800 personnes.
  • First Republic réduit aussi la rémunération des dirigeants, condense l’espace de ses bureaux et diminue les projets et activités non essentiels.
  • Elle prend également des mesures pour augmenter la quantité de dépôts assurés par la Federal Deposit Insurance Corporation, réduire ses emprunts et diminuer les soldes de prêts pour réduire sa dépendance aux déposants non assurés.
  • L’entreprise envisage par ailleurs des « options stratégiques pour accélérer » le progrès et renforcer sa position en termes de capital, a annoncé le directeur financier Neal Holland.
    • Une source anonyme a indiqué à Reuters que la banque cherchait l’aide du gouvernement américain pour convoquer des parties prenantes qui pourraient potentiellement jouer un rôle dans le soutien des emprunts de First Republic, notamment des firmes de capital-investissement et des « grands prêteurs ».
  • Malgré ces efforts, « le futur de cette entreprise est très incertain », a déclaré Jason Benowitz, associé chez CI Roosevelt, à Yahoo Finance.
    • « First Republic a perdu tellement de dépôts qu’il doit remplacer ce financement d’une manière ou d’une autre, donc ils le font en empruntant », indique-t-il.
    • Or l’emprunt « va vraiment peser sur leur rentabilité à la fois au cours du trimestre déclaré et à l’avenir ».
  • Un avis également partagé par Moody’s, qui a dégradé la note des actions First Republic lundi, dans le cadre d’une dégradation plus large de 10 autres banques régionales, citant « une détérioration de l’environnement d’exploitation et des conditions de financement des banques américaines ».

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