L’OPEP est loin d’être prête à abandonner les énergies fossiles

L’OPEP est loin d’être prête à abandonner les énergies fossiles
Haitham al-Ghais, secrétaire général de l’OPEP et Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l’Énergie. (Akos Stiller/Bloomberg via Getty Images)

L’OPEP s’en est pris jeudi à l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Son directeur exécutif, Fatih Birol, a prédit que la demande de combustibles fossiles atteindrait son maximum à la fin de cette décennie. Le cartel pétrolier juge ces déclarations « extrêmement risquées » pour le marché mondial de l’énergie.


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Rappel : Birol a déclaré mardi dans un éditorial du Financial Times que le monde était au « début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles. Selon lui, la demande de charbon, de pétrole et de gaz atteindra son maximum avant la fin de cette décennie. Après, leur consommation commencera à décliner à mesure que le monde passera aux énergies renouvelables. 

« C’est extrêmement risqué »

Réponse de l’OPEP : les déclarations de Birol ont été mal accueillies (ce n’est pas la première fois) par l’OPEP. Le groupe des pays producteurs de pétrole a répondu jeudi via un communiqué condamnant les propos de Birol. 

  • « Il est extrêmement risqué et peu pratique de rejeter les combustibles fossiles ou de suggérer qu’ils sont au début de leur fin », y lit-on. L’OPEP rappelle que de telles déclarations ont déjà été faites fréquemment dans le passé. Mais elles seraient plus dangereuses aujourd’hui, car elles sont « accompagnées d’appels à cesser d’investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers ».
  • Selon le secrétaire général de l’OPEP, Haitham al-Ghais, cela ne peut que conduire à un échec « de façon spectaculaire » du système énergétique mondial. Ne pas pomper suffisamment de combustibles fossiles pour soutenir la croissance économique pourrait créer « un chaos énergétique d’une ampleur sans précédent », avance-t-il, « avec de graves conséquences pour les économies et des milliards de personnes dans le monde ».
  • Pour le cartel, les propos de Birol sont « motivés par une idéologie et non fondés sur des faits ». Selon l’OPEP, il existe d’autres moyens de décarboner le monde sans renoncer aux combustibles fossiles. Par exemple, le cartel pétrolier souhaite se concentrer davantage sur les technologies de captage et de stockage du CO2. 

Les tensions entre l’AIE et l’OPEP existent depuis un certain temps

Contexte:  les deux organisations tentent toutes deux de défendre leurs propres intérêts.

  • L’OPEP représente 13 pays producteurs de pétrole et compte un certain nombre d’alliés, dont le géant pétrolier russe. L’AIE, quant à elle, représente principalement les pays consommateurs de pétrole, notamment les États-Unis, l’Europe et le Japon. 
  • C’est principalement le deuxième groupe qui souhaite remplacer les combustibles fossiles par des sources renouvelables d’énergie pour atteindre les objectifs climatiques. Mais les membres de l’OPEP recherchent eux aussi des moyens de sauver le climat. Car des pays comme l’Arabie saoudite dépendent presque entièrement des exportations de pétrole pour boucler leur budget. Et bien qu’ils tentent de se diversifier, il faudra peut-être des décennies avant que leurs économies dépendent moins de l’or noir.
  • Pendant ce temps, l’OPEP joue avec l’offre et la demande. Elle veut obtenir des prix suffisamment élevés pour atteindre les objectifs budgétaires de certains membres. Selon l’AIE, le cartel manipule le marché et alimente la crise inflationniste mondiale. L’OPEP prétend simplement essayer de maintenir la stabilité du marché. Selon le cartel, la crise inflationniste a été largement causée par l’impression monétaire sans fin en Occident, et non par les prix élevés de l’énergie. 

(OD)

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