Christopher Wylie, l’ex-employé de Cambridge Analytica qui adénoncé le vol de données et l’exploitation de celles-ci de son ancienemployeur, a déclaré devant des députés britanniques mardi que Facebook avaitla capacité d’écouter ses utilisateurs au quotidien au moyen de leur téléphone.
Wylie a été auditionné pendant plus de 3 heures dans lecadre d’une enquête menée par le Parlement britannique pour déterminer siCambridge analytique cas est intervenu dans le cadre du référendum statuant surl’adhésion du Royaume-Uni à l’Union Européenne ayant mené au Brexit. Le députéDamian Collins, qui présidait cette commission, a demandé à Wylie si Facebookavait la capacité d’écouter ce que les gens disaient pour leur adresser despublicités personnalisées. Wyliea répondu la chose suivante :
« À titre decommentaire sur la façon dont on peut utiliser l’audio et analyser l’audio, onpeut l’utiliser pour, de ce que je comprends en général sur la façon dont lesentreprises l’utilisent… pas seulement Facebook, mais d’une manière générale, les autres applications qui utilisent l’audio, c’est pour le contexteenvironnemental. Par exemple, s’il y a une télévision en marche, en comparaisonavec un endroit fréquenté avec beaucoup de personnes qui parlent, ou d’unenvironnement de travail. Cela ne revient pas à dire qu’ils écoutent ce quevous dites »
Il ajoute: « Il ne s’agit pas du traitement de langage naturel. Cela serait tropdifficile à réaliser. Mais pour comprendre le contexte environnemental dans lequelvous vous trouvez, pour améliorer la valeur contextuelle de la publicité enelle-même, c’est possible. Certains éléments audio pourraient être utiles poursavoir si vous êtes dans un environnement de bureau, si vous êtes dehors, ou sivous regardez la télévision ».
Un fil Reddit d’utilisateurs soupçonneux
Par le passé, plusieurs utilisateurs de Facebook avaientdéjà exprimé des inquiétudes après avoir été ciblés avec des produits pourlesquels ils n’avaient jamais manifesté d’intérêt en ligne, suspectant que l’appdu réseau social écoutait leurs conversations. Lesite Reddit présente même un fil de discussion composé d’une succession detémoignages de ces coïncidences, et des expériences menées par les internautesdans ce sens.
Une ONG, DotEveryone, a déterminé que 7 % des utilisateurspensent que Facebook écoute leurs conversations téléphoniques. 5 % pensent mêmeque la firme est capable de suivre le mouvement de leurs yeux lorsqu’ilsregardent l’écran de leur smartphone.
Facebook nie depuis longtemps les allégations selonlesquelles son application écoute les utilisateurs pour leur adresser despublicités plus personnalisées. « Je gère des produits publicitaires àFacebook. Nous n’utilisons pas et n’avons jamais utilisé votre micro pour de lapublicité. Ce n’est tout simplement pas vrai », a tweeté Rob Goldman, vice-présidentdes produits publicitaires chez Facebook, en octobre 2017. Il avait ajouté qu’Instagramétait également inclus dans son commentaire.
Une expérience troublante
En 2016, une professeure en communication à l’université de Floride du Sud, Kelli Burns, avait mené une expérience aboutissant à une troublante coïncidence. Elle avait activé le micro de son téléphone et parlé de son désir de partir pour un safari en Afrique. Moins de 60 secondes plus tard, une publication portant sur le thème du safari était apparue dans son fil d’actualité sur Facebook. Il s’était avéré que cet article avait été posté 3 heures auparavant.
L’expérience avait fait la une des médias dans le monde, et Facebook avait alors nié l’hypothèse qu’il espionnait ses utilisateurs: « Facebook n’utilise pas le micro de votre téléphone à des fins publicitaires ou pour changer ce que vous voyez dans le newsfeed », avait-il indiqué.Par la suite, la professeure avait elle-même réfuté la portée de son expérience, dont elle estimait qu’elle avait été « grossie » par les médias.
« Je n’ai jamais dit que Facebook nous espionnait », a-t-elle dit.
Pire, nos téléphones ne seraient pas les seuls en cause. En 2015, The Daily Beast avait rapporté que les télévisions « Samsung Smart TV » « écoutaient » leurs possesseurs. Samsung avait concédé que lorsqu’un possesseur de la télévision acceptait d’utiliser sa fonctionnalité de reconnaissance vocale, des données audio étaient transférées sur un serveur pour être adressées à une tierce partie. Ce fait était dûment explicité dans leur politique concernant la vie privée, et Samsung s’était défendu de conserver ces données, ou de les revendre.
Une action collective contre Facebook
Quoi qu’il en soit, Facebook ne semble pas prêt de sortir de la tourmente. On a appris aujourd’hui que 3 utilisateurs de son application Messenger avaient décidé de porter plainte auprès d’un tribunal fédéral californien. Ils estiment en effet que le réseau social a violé leur droit à la vie privée en collectant les détails de leurs conversations téléphoniques et SMS. Leur plainte est formulée pour être soumise sous la forme d’une action collective (« class action »), ce qui signifie qu’elle est effectuée à titre collectif, et que d’autres plaignants pourraient s’y joindre.
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