Facebook: le règlement de l’affaire Cambridge Analytica a des conséquences pour Zuckerberg personnellement

Le ministère de la Justice des États-Unis a lancé une enquête sur les cartels visant de grandes entreprises technologiques aux États-Unis, rapporte le Wall Street Journal. Il s’agirait de grands noms tels qu’Amazon, la société-mère de Google Alphabet, Apple et Facebook. Le ministère de la Justice souhaite déterminer si les sociétés susmentionnées se sont rendues coupables de concurrence déloyale sur les plates-formes Internet, les médias sociaux et dans les boutiques en ligne.

L’annonce est l’indication la plus claire que le ministre de la Justice, William Barr, est sérieux et qu’il souhaite mettre fin à l’absence de règles dont ces entreprises de technologies bénéficient depuis trop longtemps. Barr veut savoir si ces plateformes sont des monopoles déguisés. Le président américain Trump avait déjà fait allusion à des enquêtes possibles plus d’une fois au cours des dernières semaines. Mais ces enquêtes n’en sont qu’à leurs débuts et il n’y a pas que la collecte d’informations qui se produit aujourd’hui.

Les démocrates et les républicains s’interrogent depuis un certain temps sur la toute-puissance de Facebook et de ses collègues. Mais il ne faut pas s’attendre à des changements profonds pour demain. Les affaires de concurrence ne seront pas résolues en une seule journée et les machines de lobbying des parties concernées ne resteront pas non plus silencieuses. Facebook a dépensé 4,1 millions de dollars en lobbying au cours du dernier trimestre, ce qui en fait le champion des grandes entreprises technologiques.

Facebook et Cambridge Analytica

L’amende infligée à Facebook par la Federal Trade Commission (FTC) mercredi montre que Facebook et ses partenaires ont également acquis une position de pouvoir considérable à Washington. Cette amende est le résultat du scandale entourant la société britannique Cambridge Analytica.

En mars 2018, il est apparu que Cambridge Analytica avait illégalement saisi des dizaines de millions de profils d’utilisateurs sur Facebook. Cela s’est passé via l’application « thisisyourdigitallife », développée par Aleksandr Kogan, scientifique à l’université de Cambridge. Il a promis aux utilisateurs de leur fournir – contre rémunération – un aperçu scientifique de leur personnalité basé sur leur profil Facebook.

Ce que les utilisateurs ne savaient pas, c’est qu’une fois qu’ils avaient téléchargé l’application, celle-ci a également récupéré les données de tout leur réseau d’amis sur Facebook. Grâce à 270 000 téléchargements, Cambridge Analytica (CA) a soudainement disposé de 87 millions de profils. Cela a permis à CA d’aborder tous ces profils d’une manière différente.

Une amende de 5 milliards de dollars

Facebook doit payer une amende de 5 milliards de dollars dans le cadre du règlement conclu avec la FTC pour violation de la loi de 2012. Il s’agit de l’amende la plus élevée jamais infligée par la FTC. Jusqu’à présent, Google était le détenteur du record. Cette dernière a été condamnée à une amende de 22 millions de dollars en 2012. Facebook, une entreprise qui réalise un bénéfice net de 5 milliards de dollars sur une base trimestrielle, est soulagée. L’amende ne modifie pas le business-model de Facebook pour le moment.

Toutefois, la FTC impose des mesures de contrôle supplémentaires sur Facebook. Par exemple, chaque fois que Facebook modifie un produit ou un service existant ou lance un nouveau produit ou service dans le futur, il doit fournir un rapport à la FTC. Dans ce rapport, l’entreprise doit documenter les règles et les décisions concernant la vie privée de l’utilisateur.

Un comité indépendant au sein de Facebook veillera à la protection de la vie privée

La FTC n’accuse pas Zuckerberg de quoi que ce soit sur le passé, mais à l’avenir, il devra soumettre à la FTC un rapport trimestriel dans lequel il assume la responsabilité des nouvelles mesures qui ont été mises en œuvre en matière de vie privée. Ces mesures ne peuvent plus être le fait du seul Zuckerberg, mais doivent être approuvées par un comité indépendant qui siègera au conseil d’administration de Facebook. Désormais, une déclaration fausse ou erronée peut entraîner des amendes et/ou d’autres mesures punitives non précisées.

Une construction assez complexe, car Zuckerberg détient toujours 53 % des actions avec droit de vote. En plus d’être CEO, il est également l’actionnaire principal de la société et le conseil d’administration lui rend donc compte de facto. Afin de contourner cette lacune, Zuckerberg ne doit pas interférer dans la nomination des membres indépendants du comité. Ce qui ressort clairement de la construction, cependant, c’est que la FTC estime que les règles doivent être imposées de l’extérieur, et non édictées par Facebook lui-même. De plus en plus d’autres personnes ressentent la même chose.

Dans une réaction, Zuckerberg a déclaré qu’à la suite de ce règlement, sa société « apporterait des modifications structurelles importantes à la manière dont Facebook développe les produits et sa façon de gérer la société ».

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