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Pourquoi ce magnat de l’énergie investit massivement dans le gaz alors que le monde cherche à se décarboner ?

Pourquoi ce magnat de l’énergie investit massivement dans le gaz alors que le monde cherche à se décarboner ?
Getty Images

Lors d’une interview accordée à Forbes, Peter Clarke, responsable mondial du GNL chez ExxonMobil, a expliqué pourquoi l’entreprise mise de plus en plus sur le gaz naturel liquéfié, ce qui va à l’encontre des ambitions de nombreux pays de se libérer du carbone.

L’essentiel : selon le responsable d’ExxonMobil, le GNL est essentiel pour sortir de la pauvreté « des centaines de millions de personnes » dans le monde, qui n’ont pas accès à suffisamment d’énergie pour jouir d’un niveau de vie raisonnable, sans dépendre du charbon, encore plus polluant.

  • « Des milliards de personnes sur terre profitent des avantages d’une énergie abordable et fiable qui leur assure une vie plus longue, plus heureuse et plus saine », affirme Clarke. Les pays (principalement occidentaux) auxquels il fait référence consomment beaucoup plus d’énergie par habitant que les pays en développement.
  • « Dans les pays en développement, des centaines de millions de personnes sont confrontées à des niveaux divers de pauvreté énergétique », précise-t-il. Selon Clarke, beaucoup n’ont même pas accès à un combustible pour cuisiner ou chauffer leur maison. « L’offre d’énergie devra donc augmenter pour permettre à ces populations d’améliorer leur niveau de vie ».
  • C’est pour cette raison que de nombreux pays pauvres se tournent vers le charbon pour alimenter leur population. Après tout, le charbon est très abondant et bon marché, mais son utilisation émet du carbone de manière disproportionnée. Les pays occidentaux, en revanche, peuvent se permettre d’utiliser largement d’autres combustibles.
  • « Près de 40 % de l’électricité mondiale est encore produite à partir du charbon », précise Clarke. Selon lui, le GNL pourrait permettre aux pays qui dépendent actuellement du charbon de réduire leurs émissions sans devoir immédiatement investir massivement dans les sources d’énergie renouvelable.

La révolution du schiste

  • L’auteur de l’article, David Blackmon, cite les États-Unis en exemple. Depuis le début de la « révolution du schiste » en 2008, le pays a réduit de moitié sa consommation de charbon, passant de plus d’un milliard de tonnes par an lors du pic de 2007 à environ 500 millions de tonnes en 2021. Entre-temps, les États-Unis sont devenus le plus grand producteur et l’un des plus grands exportateurs de gaz naturel liquéfié au monde.
  • Cette évolution est visible dans les chiffres des émissions. Les États-Unis émettent environ 20 % de CO2 en moins depuis 2007. Par habitant, la réduction est encore plus importante, de l’ordre de 25 %. Selon Blackmon, cette réduction est « bien plus importante que celles des autres pays développés ».
  • Ce dernier commentaire doit néanmoins être nuancé, car des baisses similaires ont été enregistrées dans l’UE au cours de la même période. La grande différence : au lieu de consommer davantage de gaz naturel pour compenser la baisse de l’utilisation du charbon, l’UE consomme davantage d’énergie provenant de sources renouvelables. Une chose est sûre : moins il y a de charbon, moins il y a d’émissions.
  • Quoi qu’il en soit, Exxon continuera à tirer parti de la demande extrêmement élevée de GNL dans le monde. Clarke estime que l’industrie du GNL continuera à se développer au moins jusqu’en 2050. Exxon n’est d’ailleurs pas la seule entreprise américaine à le penser. Le pays construit rapidement de nouvelles infrastructures pour exporter ce produit. Bientôt, les États-Unis deviendront les plus grands exportateurs de GNL au monde.

(JM)

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