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« Les exportations de pétrole kazakh via un oléoduc clé sont autorisées à se poursuivre » selon les Russes

« Les exportations de pétrole kazakh via un oléoduc clé sont autorisées à se poursuivre » selon les Russes
foto: Getty Images

La décision d’un tribunal russe qui menaçait d’arrêter les exportations de pétrole vers l’Europe via le principal oléoduc du Kazakhstan a été annulée.

La semaine dernière, le tribunal avait décidé que le terminal de la ville portuaire russe de Novorossiysk, sur la côte de la mer Noire, devait être fermé pendant un mois. Selon le tribunal, le Caspian Pipeline Consortium (CPC), qui gère ce pipeline de 1.511 kilomètres, n’avait pas respecté les règles de sécurité. Le tribunal a jugé qu’il existait un risque réel de fuite de pétrole.

Toutefois, un autre tribunal de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, a annulé hier cette décision, rapporte le journal économique Financial Times. Selon le journal kazakh The Astana Times, la suspension de l’oléoduc sera remplacée par une amende de 200.000 roubles, soit environ 3.300 dollars. Ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour l’Europe.

Du pétrole pour l’Europe

D’ici la fin de l’année, environ 90 % des importations actuelles de pétrole russe vers l’Union européenne seront interdites. Entretemps, l’UE a cherché avec diligence d’autres sources d’approvisionnement.

Fort de cette connaissance, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, avait tendu la main au président du Conseil européen, Charles Michel, lundi dernier. Le dirigeant kazakh aurait indiqué lors d’une conversation téléphonique que son pays est prêt à envoyer davantage de barils de pétrole et à « utiliser son potentiel d’hydrocarbures pour stabiliser la situation sur les marchés mondial et européen ».

Jusqu’à 67 millions de tonnes de pétrole kazakh destinées à l’Europe transitent déjà par la Russie chaque année. Le voyage se fait par un pipeline qui arrive au port de Novorossiysk. Cependant, mercredi dernier, deux jours après la conversation entre Tokayev et Michel, un tribunal russe a soudainement ordonné la fermeture du terminal de l’oléoduc.

Cet ordre est intervenu à un moment où la Russie était déjà accusée par les responsables de l’UE de bloquer délibérément d’autres exportations d’énergie, notamment de gaz, vers l’Europe. Cela a incité Tokayev à chercher de nouvelles routes de transit contournant la Russie. Selon le FT, l’une des routes envisagées était celle qui passe sous la mer Caspienne.

Le Kazakhstan : un  » allié  » de la Russie qui ose la critiquer

Les tensions entre le Kazakhstan et la Russie, en théorie deux pays alliés, se sont accrues depuis l’invasion de l’Ukraine. Bien que Tokayev n’ait pas ouvertement critiqué la décision de son homologue russe Vladimir Poutine de lancer l’invasion, son mécontentement à l’égard de Moscou s’est parfois manifesté.

Par exemple, lors d’un débat avec Poutine, à l’occasion de la plus importante conférence économique russe, le président kazakh a déclaré que son pays ne reconnaîtrait pas les deux « quasi-États » séparatistes soutenus par Moscou dans l’est de l’Ukraine.

Il a également condamné les « déclarations absolument fausses » de certains universitaires russes remettant en cause la souveraineté du Kazakhstan et affirmant que certaines parties de son territoire appartiennent à la Russie.

Peu après les commentaires de Tokayev, la Russie a déjà bloqué les livraisons de pétrole par l’oléoduc CPC : le terminal avait déjà été fermé pendant 20 jours en raison de la découverte  » soudaine  » d’explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale. La Russie nie qu’elle utilise son contrôle sur les voies de transit pour faire pression sur le Kazakhstan, mais, dans l’UE, ce scénario semble fort similaire à l’interruption de l’approvisionnement via le gazoduc Nord Stream.

Bonne nouvelle ?

Le fait que les exportations de pétrole du Kazakhstan soient désormais autorisées à se poursuivre est davantage une fatalité qu’une victoire. Chaque petit geste compte, mais celui-ci ne représente pas assez de barils pour soulager l’Europe. Le CPC achemine l’équivalent de 1,4 million de barils par jour, soit seulement 1% de l’offre mondiale, ce qui n’est pas vraiment une proportion gigantesque. L’Autriche, État membre de l’UE qui importe la majeure partie de son pétrole (39 %, selon Trouw) du Kazakhstan, pourrait bien se procurer son or noir ailleurs.

Pourtant, le fait est que toute réduction de l’offre de pétrole pourrait accentuer la pression sur le marché tendu. Dans le monde entier, les gens souffrent déjà de la perte possible de 3 millions de barils de pétrole brut russe à la suite de nouvelles sanctions contre Moscou. Dans cette optique, un blocus qui n’en est finalement pas un est plutôt une bonne nouvelle.

MB

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