Vers une interdiction européenne des extraditions vers la Russie ?

Que faire quand la Russie réclame un de ses citoyens à un pays de l’UE, sous un prétexte quelconque ? Une situation qui n’a rien de théorique. Et qui met à nouveau à défi l’Union, alors qu’en Russie la répression se fait de plus en plus lourde.

Alors que le gouvernement ruse avait déjà une conception très particulière de la démocratie et des élections libres, la répression instaurée par le régime de Vladimir Poutine s’est encore renforcée depuis l’invasion de l’Ukraine. Dans les grandes villes principalement, nombreux sont les Russes à avoir manifesté ouvertement contre la guerre, risquant de se retrouver en prison, où se trouvent déjà plus d’un opposant politique. D’autres ont fuit le pays, vers la Finlande voisine, ou encore la Serbie, traditionnellement russophile et où les visas ne sont pas nécessaires aux Russes pour entrer dans le pays.

Alors que certains pays veulent fermer leurs frontières à la majorité des citoyens Russes, comme vient de le faire l’Estonie qui ne tolère plus que les étudiants, l’UE est fort divisée sur la question, le chancelier allemand Olaf Scholz considérant que ça serait aller trop loin. La Commission va devoir maintenant statuer sur les éventuelles extraditions de citoyens russes vers leur pays d’origine.

Demande d’extradition à motif politique ?

Un enjeu qui n’a rien de théorique : en Bulgarie, un ressortissant russe nommé Alexei Alchin brûlé son passeport en Bulgarie pour protester contre la guerre en Ukraine. Il se trouve sous le coup d’une possible extradition vers son pays d’origine à la suite de la décision d’un tribunal bulgare, La Russie a demandé l’extradition d’Alchin vers son pays dans le cadre d’une enquête pour fraude fiscale. Or il clame que cette demande est en fait politiquement motivée pour le faire taire.

Cette extradition constituerait un assez mauvais coup de publicité pour le pays. L’eurodéputé bulgare Radan Kanev (PPE) a donc demandé ce mercredi à la Commission européenne d’émettre une recommandation claire aux États membres de l’UE pour qu’ils arrêtent toutes les procédures d’extradition de citoyens russes de l’UE vers la Russie.

« Toutes les garanties fournies par la Fédération de Russie en matière de droits de l’homme ne sont rien d’autre que des déclarations vides de sens, et tout citoyen russe participant à des activités ouvertes de lutte contre la guerre et d’opposition risque non seulement d’être torturé, humilié et traité de manière inhumaine, mais est même menacé d’une condamnation à mort effective, même si elle n’est pas officiellement prononcée », a écrit M. Kanev dans une lettre adressée à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et reprise par Euractiv.

Solidarité ou intransigeance ?

Il semblerait que deux volontés se font face au sein de la Commission européenne : celle des gouvernements qui veulent mettre la pression sur l’ensemble de la population russe en réponse à l’invasion de l’Ukraine, et celle qui appelle plutôt à la solidarité envers les citoyens ordinaires et les opposants vivant sous un régime de plus en plus répressif.

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