L’entreprise émettrice du token Vitae, dont des membres ont été arrêtés ce mardi en Belgique sur fond de fraude, menait depuis le début des efforts pour prouver sa respectabilité. Cette année encore avec l’entrée en fonction de sa CEO.
Distinguer les innovations des arnaques, les cryptomonnaies prometteuses des shitcoins, se révèle assez compliqué. L’univers en pleine expansion du bitcoin et des myriades de devises digitales qui prétendent toujours faire mieux reste nébuleux. Des techniques de base permettent de s’y aventurer en espérant réduire un maximum les risques encourus. À l’instar du profilage des porteurs de projets. Un précédent succès entrepreneurial ? Un curriculum vitae qui force le respect ?
Mais la méthode souffre de limites et ne garantit pas une sécurité imparable. Le récent épisode judiciaire de Vitae, ce réseau social nouvelle génération qui promettait « la prospérité pour toute l’humanité » et sa cryptomonnaie, l’utility token Vitae, sert de parfait contre-exemple du profilage.
L’entreprise suisse impliquée dans une affaire de montage financier frauduleux à la Ponzi pouvait pourtant jouer la carte de l’honorabilité professionnelle, ne serait-ce qu’avec sa Chief Executive Officer entrée en fonction en janvier dernier.
Une dirigeante qui inspire confiance
En tant que CEO, elle est responsable de la gestion de l’ensemble des opérations et des ressources de la société Vitae et assure même des fonctions de directeur financier ad interim. Elle est aussi responsable du recrutement des principaux membres du management et de la supervision de ces derniers.
« La responsabilité sociale est très importante pour moi et j’apprécie de travailler pour une organisation qui adhère à des principes éthiques », déclare l’intéressée sur son profil professionnel.
Si à ce stade aucun élément ne permet d’affirmer qu’elle porte une responsabilité directe dans les suspicions de fraude ni qu’elle ait été personnellement inquiétée par la justice, son parcours autorise à penser qu’elle inspirait en tout cas confiance.
Diplômée d’Harvard, elle s’était lancée dans la banque d’investissement il y a plus de 25 ans. Spécialisée dans le droit bancaire, ce qui l’intéresse, c’est de s’assurer que les documents juridiques bancaires « reflètent » l’intention de la transaction, précisera-t-elle dans un podcast business.
Son parcours démontre une expertise dans le secteur de la banque et de la finance. La CEO se dit elle-même « compétente dans la gestion des risques, les marchés de capitaux, les fonds d’investissement, le conseil juridique et la blockchain ».
« Du sur mesure pour les plus fortunés »
Amenée à s’installer à Zurich, cette avocate bancaire a notamment évolué au Crédit Suisse. En tant que directrice juridique pour une unité commerciale de la banque privée qui fournissait des solutions sur mesure aux clients les plus fortunés (Ultra-High Net Worth) .
« (J’ai) développé une infrastructure juridique et de conformité mondiale robuste pour cette unité et fourni, entre autres, des conseils juridiques et de conformité, une analyse des règles transfrontalières et juridictionnelles, la couverture des transactions, le développement et la mise en œuvre de programmes, la planification et la prestation de formations », précise l’intéressée sur son CV.
Mais divers changements au sein de Crédit Suisse, ainsi que l’approche d’un certain âge, la pousseront à encore changer de carrière.
Après avoir quitté le groupe bancaire zurichois, elle s’est intéressée à la « responsabilité sociale », a participé à l’organisation d’événements centrés sur les « problèmes sociaux les plus urgents ». Son réseau professionnel ne cessant de croître, elle a rencontré une pléthore d’entreprises à croissance rapide. Parmi lesquelles, une certaine start-up des médias sociaux utilisant la technologie blockchain, Vitae, l’a convaincue d’en devenir la patronne. La suite, la justice nous le dira. Ou pas.
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