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Les éoliennes européennes sans surveillance : « S’ils le veulent, les Russes peuvent les attaquer facilement »

Les éoliennes européennes sans surveillance : « S’ils le veulent, les Russes peuvent les attaquer facilement »
Selon l’enquête de Reuters, les éoliennes européennes en mer sont quasiment sans surveillance. (JAMES ARTHUR GEKIERE/BELGA MAG/AFP via Getty Images)

De l’aveu même des responsables politiques et de l’industrie, les éoliennes offshore européennes sont des cibles faciles pour tous ceux qui voudraient s’y attaquer. Elles sont sans surveillance, ou presque.

Pourquoi est-ce important ?

Le sabotage du Balticconector un an après celui de Nord Stream a refait naître les craintes vis-à-vis des infrastructures énergétiques européennes. Bien qu'il n'ait pour l'instant jamais été prouvé que la Russie était responsable d'une de ces attaques, beaucoup d'yeux sont tournés vers elle. Et sur les autres cibles qu'elle pourrait viser. Comme les éoliennes.

Dans l’actu : les éoliennes européennes ne sont quasiment pas surveillées.

  • Selon une enquête réalisée par Reuters, s’attaquer aux éoliennes européennes en mer est chose aisée. Les surveiller davantage aurait un coût… et personne ne semble d’accord pour savoir qui devrait l’endosser.

Surveillance des éoliennes : personne ne veut payer

Les détails : seuls deux pays sortent du lot.

  • Pour parvenir à cette inquiétante conclusion, Reuters a interrogé des responsables de 13 gouvernements européens, des parlementaires et des régulateurs. Sans oublier des responsables militaires et des industriels.
  • Parmi les 13 pays passés au crible, seuls 2 ont déclaré avoir déjà investi ou budgétisé des mesures visant à améliorer la sécurité des infrastructures offshore : la Pologne et le Royaume-Uni. Les autres ont dit étudier la question ou ont préféré ne pas répondre.
  • Quant aux développeurs de parcs éoliens offshore, ils ont expliqué ne pas avoir les moyens de surveiller leurs installations. Le secteur n’a pas envie d’aggraver les inquiétants problèmes financiers dans lesquels il est embourbé.

Les explications : personne ne veut payer.

  • Il ressort de l’enquête que ce manque de surveillance est surtout imputable à un gros désaccord entre responsables politiques et industriels. Grosso modo, les premiers estiment que cette responsabilité incombe aux seconds. Et inversement.
    • Rien que pour les pays de la mer du Nord, 3,6 milliards d’euros supplémentaires seraient nécessaires pour sécuriser les nouvelles capacités d’énergie éolienne offshore qui doivent être mises en place en vertu des objectifs fixés.
  • Pendant que ce beau monde se renvoie la balle, les éoliennes sont vulnérables.
  • « Nos techniciens ne sont là que jusqu’à cinq heures de l’après-midi, puis ils rentrent chez eux », a expliqué le responsable des opérations du parc éolien de Nysted (Danemark), co-détenu et exploité par le n°1 mondial de l’éolien offshore, Orsted. « Si les Russes voulaient causer des dégâts, ils pourraient le faire facilement

« Nous ne faisons aucune surveillance. »

Thomas Almegaard

Les cas Nord Stream et Balticconnector ne rassurent pas

Contexte : des incidents qui interpellent.

  • Les craintes d’attaques envers les infrastructures énergétiques se sont renforcées avec les incidents sur les gazoducs Nord Stream et Batlicconnector.
    • Pour le premier, perpétré il y a 13 mois, l’Allemagne, la Suède et le Danemark avaient chacun lancé leur propre enquête. Jusqu’à présent, aucune n’a abouti.
    • Pour le deuxième, survenu le 8 octobre dernier, on n’a pas plus de certitudes. La piste la plus fraîche mène vers un navire chinois. Mais tout cela reste très incertain.
  • Dans les deux cas, de lourds soupçons ont pesé sur la Russie, qui a toujours nié. La sécurité des éoliennes européennes est de toute façon une problématique qui va au-delà de la recherche du responsable pour ces deux cas. On sait à quel point l’échiquier géopolitique mondial peut changer rapidement : l’Europe doit se protéger de toutes les menaces.
  • Le Vieux Continent peut toujours se rassurer en se disant que les éoliennes constituent des cibles moins intéressantes que les infrastructures sous-marines, telles que les câbles à haute tension. Et celles-ci bénéficient depuis peu d’une surveillance rapprochée prise en charge par l’OTAN elle-même.
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