Les nuages s’accumulent sur les zombies, ces entreprises en déficit qui ont tenu grâce aux aides publics ou à l’emprunt. On peut s’attendre à une grande vague de faillites, qui, chez nous, a peut-être bien déjà commencé.
Il est temps de payer l’addition, pour de nombreuses entreprises « zombies » : et elle sera peut-être fatale

Pourquoi est-ce important ?
La pandémie n'est plus qu'un lointain souvenir pour de nombreuses personnes, mais pour beaucoup d'entreprises, c'était l'époque bénie des bouées de sauvetage. Elles ont survécu sous perfusion des aides étatiques. Avec parfois un second coup d'électrochoc au pic de la crise énergétique. On parle donc d'entreprises "zombies". Elles auraient dû mourir, mais elles tiennent encore debout. Du moins pour l'instant.La crise à venir
Dans l’actualité : Une analyse du cabinet de restructuration Alvarez & Marsal (A&M), partagée avec Reuters, démontre que la valeur des prêts et des obligations des entreprises arrivant à échéance sur la période de six mois est plus élevée que jamais. Selon le rapport, une avalanche de faillites pourraient survenir dans la première moitié de 2024.
- Or, les taux d’intérêt ont drastiquement augmenté, depuis un an. Mais ce n’est pas la seule raison qui fait craindre une véritable hécatombe.
- De nombreuses entreprises ont survécu grâce aux aides publiques, mais aussi aux emprunts, depuis 2020. Or celles-ci se sont taries, et ceux-là, il faut les rembourser. De quoi créer un effet de dominos, prédisent certains experts. Et peut-être même une crise, dans laquelle tomberaient de nombreuses entreprises endettées.
« L’augmentation des taux d’intérêt devient de plus en plus un problème pour les entreprises, en particulier ces entreprises zombies qui ont survécu grâce à une longue période de faibles taux d’intérêt, mais tout juste capables de servir leur dette. Je pense que nous commençons enfin à voir la chute de certains de ces zombies. »
Julie Palmer, associée chez Begbies Traynor au Royaume-Uni, citée par Reuters
En Belgique aussi
La possible dégringolade n’épargnera pas notre pays. Le nombre d’entreprises « zombies » s’élevait entre 36.000 et 40.000 en Belgique, selon des estimations de 2021, soit 8 à 9% des 436.000 entreprises publiant des comptes annuels. En 2022, Alianz Trade estimait même cette proportion d’entreprises zombies en 10 et 15%. La définition considère comme zombie toute société d’au moins cinq ans, tenue de publier des comptes et qui, durant les trois derniers exercices, a publié des fonds propres négatifs.
Depuis lors, le nombre de faillites a déjà beaucoup augmenté.
- Un effet de rattrapage était attendu, et il a surtout frappé en Flandre. En juillet dernier, à la fin du second trimestre de l’année, 3.365 entreprises flamandes avaient définitivement fermé en 2023. C’était un record absolu.
- La Wallonie a moins souffert : « seulement » 1.398 faillites, soit quand même 234 de plus que l’année dernière à la même période.
- À Bruxelles, on en comptait 761. Mais de nombreuses entreprises ont été dissoutes devant les tribunaux au lieu d’être déclarées en faillite, ce qui fausse le nombre.
- Les secteurs les plus touchés sont la construction, les transports et les garages, et 11.000 emplois ont été perdus.
Le pire est peut-être encore à venir. Avec des taux d’intérêt de 4%, emprunter et payer ses dettes devient de plus en plus cher.