Le temps chaud en Europe fait augmenter la température de l’eau des rivières, ce qui affecte la production de l’énergie nucléaire française.
Le continent européen transpire sous la sécheresse actuelle. Le vice-président de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, a averti cette semaine que la sécheresse actuelle en Europe pourrait être « la pire de tous les temps ». « Les statistiques montrent que depuis 2017, nous avons les feux de forêt les plus intenses que nous ayons jamais vus en Europe. Et malheureusement, nous nous attendons à ce que 2022 suive cette tendance », estime-t-il.
Le fait que le temps chaud commence maintenant à affecter la production d’énergie nucléaire des pays européens est tout aussi inquiétant. L’agence de presse américaine Bloomberg a rapporté mardi matin qu’en raison de la hausse impitoyable du mercure, le parc de réacteurs nucléaires français produit moins d’énergie.
Cela pourrait faire grimper encore plus les prix de l’énergie cet été, alors que nous sommes déjà confrontés à l’une des pires pénuries depuis des décennies, écrit Bloomberg.
La Garonne se réchauffe
L’augmentation de la température de l’eau de la Garonne, le plus grand fleuve du sud-ouest de la France, risque d’affecter la production de la centrale nucléaire de Golfech, en Occitanie. C’est ce qu’a annoncé Électricité de France (EDF), la plus grande entreprise d’énergie électrique du pays, dans une déclaration au gestionnaire Réseau de Transport d’Électricité (RTE). EDF doit réduire, voire arrêter, les activités de ses centrales nucléaires si les températures des rivières environnantes deviennent trop élevées, car l’eau de la rivière est essentielle pour le refroidissement des centrales.
C’est un nouveau coup dur pour le géant français de l’énergie, que le gouvernement veut nationaliser. Les 56 réacteurs nucléaires d’EDF, qui assurent une part importante de l’approvisionnement énergétique de l’Europe, fonctionnent actuellement à environ la moitié de leur capacité en raison d’opérations de maintenance rendues nécessaires par des problèmes de corrosion.
Ce lundi, 27 des 56 réacteurs nucléaires étaient à l’arrêt, soit 48%. Depuis plusieurs semaines, 3 des 18 centrales ne produisent rien (Chooz, Civaux, Flamanville). La semaine passée, la puissance nucléaire délivrée n’a pas dépassé 27,7 GW (sur 61,4 GW), rapporte sur Twitter le spécialiste en énergie, Paul Neau.
La puissance nucléaire française au plus bas depuis 30 ans
Selon l’agence Bloomberg, en raison de tous ces problèmes, la production d’énergie nucléaire française pourrait tomber cette année au niveau le plus bas de ces 30 dernières années. Cela pourrait amener les pays voisins à rechercher des formes d’énergie alternatives, dans un marché qui est déjà tendu.
Mardi, les prix de l’électricité française étaient à leur plus haut niveau depuis le 3 avril. Un mégawattheure d’électricité coûte environ 432 euros sur le marché français au moment de la rédaction de ces lignes.
(CP)