En pleine tempête, Wirecard dépose le bilan

La société allemande de paiements en ligne Wirecard, plongée dans un scandale financier de grande ampleur, dépose son bilan, a-t-elle annoncé jeudi dans un communiqué.

Cette demande déposée auprès du tribunal de Munich est justifiée par « la menace d’insolvabilité et de sur-endettement », explique l’entreprise cotée au Dax à Francfort, et qui fait l’objet d’une enquête judiciaire sur des soupçons de fraude après la disparition de plus d’1,9 milliard d’euros des comptes, aux Philippines.

La justice peut désormais opter pour l’ouverture d’un règlement judiciaire, pouvant permettre à la société de se restructurer, ou bien sa mise en liquidation s’il n’y a aucun espoir de reprise.

A chaque jour sa surprise

Chaque jour apporte son lot de rebondissements dans cette affaire qui avait culminé avec l’arrestation en début de semaine de l’ancien président de la société Markus Braun qui a depuis été libéré contre le versement d’une caution de 5 millions d’euros. Il est soupçonné d’avoir « gonflé » artificiellement le bilan de cette entreprise de services de paiement en ligne qui doit sa renommée au boom du commerce en ligne.

En raison de la somme introuvable d’1,9 milliard, bien qu’inscrite au bilan de l’entreprise, les auditeurs d’EY avaient refusé jeudi dernier de certifier les comptes de l’exercice 2019. Cette décision rare a déclenché de nouvelles investigations de la justice allemande, qui avait déjà Wirecard dans le collimateur depuis quelques semaines, et un sauve-qui-peut des investisseurs en Bourse.

Jeudi, le titre Wirecard a été suspendu de la cotation à 08H30 GMT, après l’annonce du dépôt de bilan et alors qu’il cotait 10,74 euros, en recul de près de 13%. Le titre a plongé de près de 90% depuis jeudi dernier.

La presse allemande évoque par ailleurs un mouvement de désertion de clients de Wirecard, de quoi aggraver sa situation financière déjà précaire.

Arrestations en chaîne

Du côté de l’enquête judiciaire, les Philippines ont annoncé mercredi qu’elles enquêteraient sur des liens avec le scandale frappant le bilan du prestataire de paiements.

L’ex-bras droit du patron, Jan Marsalek, directeur des opérations limogé de l’entreprise et qui se trouve aux Philippines, doit se présenter à la justice allemande la semaine prochaine, selon la Süddeutsche Zeitung.

Markus Braun avait été interpellé sur un mandat d’arrêt lancé pour avoir « gonflé » artificiellement le bilan de l’entreprise en vue de le rendre « plus attractif pour les investisseurs et les clients », selon le parquet de Munich.

Cette affaire, qui ternit la réputation de sérieux de l’économie allemande, est « un désastre complet » et une « honte » pour le pays, a reconnu cette semaine le patron du superviseur financier allemand Bafin, Felix Hufeld, dont l’autorité ne ressort pas indemne du scandale.

Wirecard garantit des règlements de transactions effectuées en ligne par des entreprises – compagnies aériennes, agences de voyage, pharmacies en ligne, etc – encaissant au passage une prime de risque.

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