Electrabel demande à la Première ministre Sophie Wilmès de trancher rapidement sur la prolongation du nucléaire au-delà de 2025, rapportent De Tijd et L’Echo ce jeudi. ‘Ce n’est vraiment pas le moment d’en parler’, rétorque-t-elle sèchement.
Le numéro un de l’énergie en Belgique défend depuis longtemps la prolongation du nucléaire, et voit dans la crise du coronavirus de quoi conforter son plaidoyer, relèvent les quotidiens.
L’énergéticien Electrabel a adressé une lettre à la Première ministre Sophie Wilmès (MR), où elle demande que la question du nucléaire soit tranchée rapidement, notamment dans le sens d’un maintien en activité des deux réacteurs les plus récents, Doel 4 et Tihange 3, après 2025.
Date butoir: la fin de cette année
La loi prévoit que les sept réacteurs nucléaires belges doivent être arrêtés d’ici 2025, mais en l’absence de capacités de remplacement, le pays pourrait manquer d’électricité. Le gouvernement étudie un mécanisme de soutien pour de nouvelles centrales au gaz, mais il n’est pas certain qu’il sera prêt à temps.
La direction d’Electrabel, aux côtés du président de la maison-mère Engie, Jean-Pierre Clamadieu, sollicite un entretien avec la Première ministre dès que la crise du coronavirus sera sous contrôle. Electrabel met ainsi la pression et rappelle sa date butoir: la fin de cette année. Si ce délai n’est pas respecté, il estime qu’il ne serait plus possible de réaliser dans les temps les investissements nécessaires pour prolonger la vie des centrales.
‘Bad timing’
‘Bad timing’, a répliqué sèchement la Première ministre Sophie Wilmès, interrogée sur Bel-RTL. ‘Et s’ils ne comprennent pas l’anglais, je leur dirai que ce n’est vraiment pas le moment de parler de cela, d’autant plus que je comprends que les décisions doivent être prises avant la fin de l’année.’
‘Balancer cela en pleine crise du coronavirus, je pense qu’il y avait plus adéquat comme démarche à faire’, a encore déploré la cheffe du gouvernement.
Dans la loi depuis près de 20 ans
Ecolo a lui aussi dénoncé la façon dont Electrabel ‘semble à son tour vouloir profiter de la situation sanitaire et économique dramatique de notre pays pour tenter d’imposer sa vision de notre avenir énergétique.’
Les Verts ont demandé de maintenir le cap de la sortie du nucléaire inscrite dans la loi depuis près de 20 ans.
Par communiqué, Engie, maison-mère d’Electrabel, explique qu’‘il sera essentiel, dès que l’urgence de gestion de crise le permettra, de s’atteler aux décisions importantes concernant la stratégie d’approvisionnement du pays. La place des capacités de production locales est centrale dans ce débat et touche à l’exploitation prolongée d’unités nucléaires locales et la mise en place d’un système de rémunérations des capacités pour les unités de gaz.’