Revenu universel en Finlande: bon pour la santé mentale, moins pour la remise au travail

Avec la crise du coronavirus et ses conséquences sur l’économie et le chômage, de nombreux pays comme l’Espagne ont réfléchi à la possibilité de créer un revenu universel de base. Un système déjà testé en Finlande entre 2016 et 2018.

En près de 2 ans, la Finlande a pu tirer des conclusions de cette expérience. Selon une étude de l’Université d’Helsinki, les bienfaits d’un tel système pour le peuple sont plus d’ordre psychologique qu’économique.

‘Les bénéficiaires du revenu de base étaient plus satisfaits de leur vie et éprouvaient moins de tensions mentales que le groupe témoin’ expliquent les chercheurs. Ils se sentaient aussi plus confortables au niveau de leur situation économique.

Ce revenu n’a cependant pas poussé de manière significative les bénéficiaires à trouver du travail. C’était pourtant le but premier du test. 2.000 chômeurs avaient été sélectionnés pour recevoir ce revenu. Ils n’étaient pas obligés de trouver un travail pour conserver ce droit. Et s’ils trouvaient un travail, ils continuaient de percevoir le même montant, soit 560€. Les autorités espéraient que cela pousserait les chômeurs vers des jobs moins bien payés ou des emplois temporaires, qui sont souvent délaissés de peur de perdre les subsides de l’État.

Une sécurité économique

Chaque bénéficiaire a accueilli ce revenu de manière différente. Si une minorité n’a vu aucun changement, pour la plupart, cette petite aide a eu un véritable impact positif sur leur vie.

Comme attendu, certains participants ont déclaré être plus enclins à accepter un emploi précaire avec cette aide. Mais d’autres ont aussi expliqué que ça leur permettait de refuser plus facilement de petits jobs. Ils se sentaient aujourd’hui plus autonomes qu’avant.

Mais ce revenu a aussi permis d’aider certaines personnes à ‘vivre leur rêve’. Le professeur Helena Blomberg-Kroll qui a dirigé l’étude s’explique: ‘Les pigistes, les artistes et les entrepreneurs avaient des opinions plus positives sur les effets du revenu de base, ce qui, selon certains, leur avait donné la possibilité de créer une entreprise.’

Enfin, certains bénéficiaires se sont lancés dans le bénévolat ou ont plus facilement accepté de venir en aide à des voisins ou de la famille. Ils ont mis tellement d’énergie et de temps dans ces actions qu’ils ont fini par les qualifier de travaux.

Au final, ce revenu de base leur a offert une sécurité économique leur permettant d’agir pour eux et pour la société.

Une option en temps de crise

En Espagne, l’instauration d’un revenu universel est plus que jamais au cœur des discussions. Selon la ministre de l’Économie, Nadia Calviño, ce sera fait sous cette législature, soit dans les 4 ans à venir. Les ménages les plus précaires en seront les premiers bénéficiaires. En Écosse, l’idée fait aussi son chemin dans la tête de la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon. La crise n’y est pas pour rien.

Même si le gouvernement espagnol assure qu’il ne s’agit pas que d’une mesure pour sortir de la crise du coronavirus, il espère que cela aide à relancer l’économie.

Les résultats de l’étude finlandaise offrent aux autres pays une vision des bénéfices en conditions réelles d’un tel programme. Ils donnent matière à discuter avec des arguments pour et contre un revenu de base.

‘Bien que le revenu de base ne puisse pas résoudre tous nos problèmes de santé et de société, il y a certainement une discussion à avoir pour dire qu’il pourrait faire partie de la solution en période de difficultés économiques’, conclut Blomberg-Kroll.

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