En Chine, la spéculation immobilière et la frénésie de construction qui ont sévi pendant des années ont mené à un résultat effarant : 22 % des logements du pays sont vacants. Cette situation pose le risque de l’effondrement rapide du marché immobilier en cas de choc.
« Les maisons sont construites pour être habitées, pas pour la spéculation », a déclaré le président chinois Xi Jinping en octobre. Mais sa déclaration semble un peu tardive : pendant des années, les Chinois ont massivement investi dans l’immobilier. Les efforts des autorités chinoises pour mettre fin à cette tendance, notamment en prenant des mesures pour dissuader les achats de multiples biens immobiliers, semblent avoir échoué.
Des villes fantômes et un taux de vacance record
Cette frénésie immobilière est notamment à l’origine de l’apparition des dizaines de villes fantômes qui sont sorties de terre depuis le début de ce millénaire. (Notre photo de couverture est une photo de la ville de Kangbashi, en Mongolie intérieure. Cette ville, assez vaste pour accueillir un million d’habitants, n’en comptait que 153 000, selon Wikipedia. Elle est l’une des dizaines de villes fantômes construites par le gouvernement chinois pour tenter de faire migrer les gens de la campagne vers les villes (et les usines).
Une étude nationale à paraître prochainement, menée par le professeur Gan Li de l’Université d’Economie et de Finance du Sud-Ouest de Chengdu, montre qu’environ 22 % des logements sont vacants en Chine. Cela représente plus de 50 millions de propriétés. « Aucun autre pays ne présente un tel taux de vacance », affirme Gan, qui redoute qu’en cas de doute sur le marché, les propriétaires risquent de se débarrasser en masse de leurs biens, ce qui pourrait provoquer un effondrement rapide des prix de l’immobilier.
En pratique, la situation n’est pas nouvelle. Déjà en 2013, la même étude avait abouti à un taux de vacance de 22,4 %, correspondant à 49 millions de logements.
Une partie de ces habitations sont des résidences secondaires, une autre correspond aux logements de migrants et d’expatriés ayant quitté le pays. Mais selon Gan, les achats de biens immobiliers à titre de placement sont un facteur déterminant du taux élevé de vacance chinois.
Une bulle immobilière… prête à éclater au moindre choc
Ce dernier implique également que l’offre de logements ne correspond pas à ce qu’elle devrait être en réalité, ce qui pousse les prix à la hausse, et empêche les jeunes de devenir propriétaires. Des millions d’acheteurs potentiels sont donc exclus du marché en raison de l’existence d’une véritable bulle immobilière, et des prix exagérés de l’immobilier qui en résulte.
Au cours de cette décennie, le gouvernement a investi des milliards de dollars dans le secteur de la construction pour stimuler la croissance économique du pays, en misant sur l’émergence de la classe moyenne chinoise pour acquérir les propriétés bâties. En effet, cette classe moyenne chinoise s’est constitué une épargne qu’elle n’a pas le droit d’investir à l’étranger, et elle craint d’investir sur les marchés financiers très volatiles. Influencées par la hausse constante de l’immobilier par le passé, beaucoup de familles ont acheté plusieurs appartements dans l’espoir que leur valeur augmente.
Un autre problème, c’est que ces logements vacants ne sont pas tous entretenus et, lentement mais sûrement, ils commencent à se dégrader.
Les analystes redoutent que tôt ou tard, cette bulle immobilière gigantesque éclate, ce qui ruinerait des millions de Chinois propriétaires.