Le patron de Tesla vante la Chine dans le domaine de la protection des données personnelles, et flatte ses concurrents directs. Des manœuvres destinées à améliorer l’image de sa firme en Chine, qui n’est guère au beau fixe.
Elon Musk était virtuellement présent à la World Internet Conference, appelé aussi le Sommet de Wuzhen, un événement international annuel organisé par des agences gouvernementales chinoises pour discuter des politiques et des enjeux mondiaux de l’Internet. Le milliardaire est apparu le temps d’une séance de questions-réponses préenregistrées durant laquelle il n’a pas tari d’éloge pour le pays-hôte de l’événement: « Mon observation franche est que la Chine consacre beaucoup de ressources et d’efforts à l’application des dernières technologies numériques dans différentes industries, y compris l’industrie automobile, faisant de la Chine un leader mondial de la numérisation. »
Les belles voitures rouges
Le patron de Tesla s’est attardé sur la question des données personnelles, insistant que son entreprise est du genre à montrer patte blanche: « Chez Tesla, nous sommes heureux de voir qu’un certain nombre de lois et de règlements ont été publiés pour renforcer la gestion des données. Tesla a mis en place un centre de données en Chine pour localiser toutes les données générées par notre activité ici, y compris la production, les ventes, le service et la recharge. Toutes les informations personnelles identifiables sont stockées en Chine sans être transférées à l’étranger. Ce n’est que dans de très rares cas, par exemple pour les commandes de pièces détachées à l’étranger, que les données sont approuvées pour un transfert international. »
Ce n’est pas la première fois que Musk se lance dans des éloges envers la Chine : deux semaines plus tôt, il était également intervenu lors du World New Energy Vehicle Congress, où il assurait que les constructeurs chinois de voitures électriques étaient « les plus concurrentiels au monde. » Il assurait également que Tesla continuerait à investir en Chine.
Une image égratignée
Ce n’est pas seulement par respect pour la concurrence que Musk flatte ainsi le dragon rouge. Au nom de Tesla, il tente d’améliorer son image dans un pays qui investit énormément dans le domaine des voitures électriques, et d’où risque effectivement d’apparaître ses futurs grands concurrents. En outre, la Chine demeure un marché gigantesque où la consommation à consonance patriotique reste fort présente. Pour l’instant les Tesla s’y vendent bien, mais il y a fort à parier que les Chinois achèteront un jour massivement des voitures nationales. Tesla a d’ailleurs fait l’objet de mots assez durs dans la presse chinoise, et l’armée a décidé de restreindre l’usage de véhicules Tesla par son personnel, au nom de préoccupations pour la sécurité nationale. On en revient à l’enjeu des données, même si on peut aussi y voir une défiance réflexe envers une firme d’origine américaine.
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