De nouvelles recherches montrent qu’un courant d’eau chaude se dirige vers la plus grande couche de glace du monde, en Antarctique. L’étude montre que la modification de la circulation de l’eau dans l’océan Austral pourrait mettre en danger la stabilité de la calotte glaciaire de l’Antarctique oriental. Celle-ci fait la superficie des États-Unis. Si elle devait fondre complètement, le niveau des mers du monde entier augmenterait de 5,1 mètres.
Les modifications des courants aquatiques sont dues, entre autres, à la modification de la configuration des vents et au changement climatique. Le réchauffement des eaux et l’élévation du niveau de la mer qui en résultent peuvent nuire à la vie marine et menacer les établissements humains côtiers.
Ces inlandsis, ou glaciers géants, sont constitués de glace accumulée à partir des précipitations sur la terre et s’étendent à partir des terres jusque dans l’océan. Ils se brisent parfois pour dériver, comme de grands plateaux de glace. Il est bien connu que la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental fond et contribue à l’élévation du niveau de la mer ; mais jusqu’à présent, on en savait beaucoup moins sur son homologue oriental.
La nouvelle étude s’est concentrée sur la côte d’une région connue sous le nom de bassin sous-glaciaire d’Aurora dans l’océan Indien. Cette zone de glace de mer fait partie de l’inlandsis de l’Antarctique oriental. La façon dont ce bassin réagira au changement climatique est l’une des plus grandes incertitudes dans les projections d’élévation du niveau de la mer pour ce siècle. Si le bassin devait fondre complètement, le niveau mondial des mers s’élèverait de 5,1 mètres.
Le mode annulaire austral (SAM)
Une grande partie du bassin se trouve sous le niveau de la mer, ce qui le rend particulièrement vulnérable à la fonte. Or, plus la profondeur augmente, plus la température doit être basse pour permettre à l’eau de mer de geler.
Les scientifiques ont étudié 90 ans d’observations océanographiques du bassin sous-glaciaire d’Aurora. Ils ont constaté un réchauffement sans équivoque de l’océan à un rythme de 2°C à 3°C depuis la première moitié du XXe siècle. Cela représente 0,1 à 0,4 degré Celsius par décennie. Mais la tendance au réchauffement a triplé depuis les années 1990, atteignant un taux de 0,3°C à 0,9°C chaque décennie.
Alors comment ce réchauffement est-il lié au changement climatique ? La réponse nous vient d’une ceinture de vents d’ouest dominants au-dessus de l’océan Austral. Depuis les années 1960, ces vents se déplacent vers le sud en direction de l’Antarctique pendant les années où le mode annulaire austral (SAM), un facteur climatique, est en phase positive. Ce phénomène a été partiellement attribué à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Par conséquent, en été, les vents d’ouest se rapprochent de l’Antarctique et apportent une eau plus chaude avec eux.
Le mouvement des eaux chaudes vers l’Antarctique oriental devrait s’aggraver au cours du XXIe siècle
On pensait autrefois que la calotte glaciaire de l’Antarctique oriental était relativement stable et à l’abri du réchauffement des océans. Cela s’explique en partie par le fait qu’elle est entourée d’eau très froide et très dense. Une partie de la recherche s’est concentrée sur le glacier Vanderford en Antarctique oriental. Là, les chercheurs ont constaté que le courant d’eau chaude remplaçait l’eau plus froide et plus dense.
Le mouvement des eaux chaudes vers l’est de l’Antarctique devrait s’aggraver au cours du XXIe siècle, menaçant encore davantage la stabilité de la calotte glaciaire. Les recherches antérieures sur les effets du changement climatique dans l’Antarctique oriental partaient généralement du principe que le réchauffement se produisait d’abord dans les couches superficielles de l’océan.
Outre l’impact de ces nouvelles découvertes sur l’élévation du niveau de la mer, les écosystèmes marins de l’Antarctique oriental sont susceptibles d’être très vulnérables au réchauffement. Le krill de l’Antarctique, par exemple, se reproduit en faisant couler ses œufs dans les grandes profondeurs de l’océan. Le réchauffement des eaux plus profondes pourrait affecter le développement des œufs et des larves. Cela affecterait à son tour les populations de krill et les prédateurs qui en dépendent, comme les manchots, les phoques et les baleines.
MB