Drones dans l’espace aérien belge : l’Allemagne et la France soutiennent la Belgique, le conseil des ministres approuve le plan anti-drones

Publié le : 6 novembre 2025 – 12h05
Dernière mise à jour : 8 novembre 15h00

Alors que la Belgique est confrontée à une série d’observations inexpliquées de drones au-dessus d’aéroports et de bases militaires, ces incidents rappellent des événements similaires survenus aux États-Unis l’année dernière. Ce qui avait commencé par des signalements sporadiques en octobre et novembre 2025 a conduit à des fermetures temporaires de l’espace aérien et à une réunion d’urgence du Conseil national de sécurité.

Des experts établissent un parallèle avec la vague de drones américains de 2024 et se demandent s’il s’agit d’une hystérie collective, de propagande ou d’une menace réelle. Une analyse des similitudes et des conséquences possibles pour la Belgique.

La crise des drones en Belgique : que se passe-t-il ?

Ces dernières semaines, plusieurs rapports ont fait état de la présence de drones inconnus au-dessus d’infrastructures critiques en Belgique. Le mardi 4 novembre au soir, les aéroports de Bruxelles et de Liège ont été temporairement fermés après que des drones aient été aperçus dans les environs. D’autres observations ont suivi mercredi, notamment au-dessus de bases militaires telles que Schaffen à Diest et Kleine-Brogel, où sont stockées des armes nucléaires américaines. Le ministre de la défense, Theo Francken (N-VA), a décrit ces incidents comme une possible « opération d’espionnage« , les soupçons se portant sur un acteur étatique, probablement la Russie. Les drones, qui ont volé en plusieurs vagues et parfois en groupes, ont semé le chaos parmi les voyageurs et dans les opérations militaires. L’aéroport de Bruxelles, le plus fréquenté du pays, a été fermé vers 20 heures après la détection de trois drones. Le Conseil national de sécurité s’est réuni jeudi pour évaluer la situation, y compris le renforcement des mesures de sécurité et une éventuelle coopération internationale.

Francken a annoncé vendredi que le conseil des ministres avait entre-temps approuvé son plan anti-drones. Le plan prévoit l’achat de systèmes avancés de détection et de neutralisation des drones hostiles, ainsi que le déploiement d’unités spécialisées sur les aéroports et dans les zones militaires. Avec un budget de 50 millions d’euros, ce programme doit renforcer considérablement la sécurité des infrastructures critiques. Francken a souligné que la sécurité nationale reste prioritaire, compte tenu de la série récente d’incidents.

Parallèles avec les États-Unis en 2024 : une ressemblance frappante

L’année dernière, en novembre et décembre 2024, les États-Unis ont été inondés de rapports faisant état de mystérieux drones au-dessus de bases militaires et d’aéroports. Des observations ont été signalées au-dessus de bases du New Jersey, de l’Ohio et même d’installations américaines au Royaume-Uni et en Allemagne. Comme en Belgique, ces observations ont entraîné des fermetures temporaires de l’espace aérien, notamment à la base aérienne de Wright-Patterson dans l’Ohio, où l’espace aérien a été fermé pendant quatre heures.

Les similitudes sont frappantes :

  • Les sites : les deux cas concernent des sites sensibles, notamment des bases militaires comportant des éléments nucléaires (États-Unis : plusieurs bases ; Belgique : Kleine-Brogel) et des aéroports.
  • Mode d’observation : les drones sont apparus en groupes ou en essaims, souvent la nuit, ce qui a entraîné des perturbations opérationnelles. Aux États-Unis, ils ont été aperçus sur 17 bases situées à proximité de terrains appartenant à la Chine, ce qui a suscité des soupçons d’espionnage. Des schémas similaires ont été observés en Belgique, où les drones opèrent par phases.
  • Couverture publique et médiatique : la couverture médiatique a alimenté les spéculations sur l’ingérence étrangère – la Chine aux États-Unis, la Russie en Belgique – entraînant une agitation publique plus importante.

Il existe toutefois des différences : la vague américaine était plus étendue et a duré plus longtemps, avec des discussions soutenues jusqu’en 2025, tandis que les incidents en Belgique semblent plus aigus et sont plus rapidement attribués à un acteur spécifique.

À quoi peut-on s’attendre en Belgique ? Les leçons des États-Unis

D’après l’expérience américaine, où de nombreuses observations ont finalement été attribuées à des drones de loisir, à des erreurs d’identification (comme des étoiles ou des avions) ou à des activités innocentes, la Belgique pourrait connaître un résultat similaire. Aux États-Unis, il n’y a pas eu d’affrontements majeurs, mais des appels ont été lancés en faveur d’une meilleure réglementation et d’une technologie de détection plus performante. Les bases militaires sont restées en alerte, mais le battage médiatique s’est essoufflé sans résultat clair.

Pour la Belgique, les experts prévoient une brève période de sécurité accrue, peut-être grâce à une nouvelle législation sur les drones ou à une pression internationale sur les acteurs suspects tels que la Russie. S’il s’agit effectivement d’espionnage, cela pourrait entraîner des tensions diplomatiques, mais en l’absence de preuves, on s’en tiendra à des enquêtes. Une révélation complète paraît peu probable, l’affaire américaine n’étant toujours pas résolue.

Spécialistes allemands et français en Belgique

L’Allemagne a envoyé des unités spécialisées de l’aviation vers la Belgique pour soutenir les autorités belges dans la lutte contre les drones, suite aux différents signalements.

Les premières équipes allemandes sont déjà arrivées et travaillent en collaboration avec l’armée belge, tandis que d’autres unités suivront prochainement. Selon la défense allemande, il s’agit d’une mission temporaire.

Outre l’Allemagne, la France est désormais également impliquée dans la lutte contre les drones en Belgique, rapporte HLN. Des unités spéciales françaises sont arrivées vendredi et collaborent avec l’armée belge pour coordonner le déploiement des systèmes de détection et de neutralisation. Le ministre Francken a souligné que la coopération avec les pays voisins est essentielle pour protéger à la fois les aéroports et les sites militaires, tandis que des discussions avec d’autres partenaires, comme le Royaume-Uni, sont encore en cours. Cet engagement international souligne la gravité avec laquelle la Belgique aborde la menace des drones non identifiés.

Hystérie collective, propagande ou alarmisme ?

Certains critiques estiment que ces événements relèvent en partie de l’hystérie collective, à l’instar des États-Unis où les médias sociaux et les bulletins d’information ont amplifié les rapports, entraînant des réactions excessives. Certaines observations se sont révélées être de fausses alertes. Des aspects de propagande sont possibles : dans des contextes géopolitiques, de tels incidents pourraient être utilisés pour mobiliser le soutien du public en faveur des dépenses de défense ou pour détourner l’attention d’autres questions.

Néanmoins, les gouvernements prennent le problème au sérieux, car il présente des risques réels pour la sécurité. « C’est un mélange », déclare un analyste de la défense. « Certains sont réels, mais l’amplification médiatique crée la panique. » La réponse de la Belgique – y compris une éventuelle participation de l’OTAN – indique une approche prudente pour éviter l’hystérie.

Alors que les enquêtes se poursuivent, une question demeure : s’agit-il d’objets volants inoffensifs ou du signe avant-coureur de menaces plus vastes ? Comme les États-Unis, la Belgique en sortira probablement renforcée, avec une vigilance accrue face à la menace invisible venue du ciel.

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