L’Italie a l’une des dettes nationales les plus importantes du monde. Elle représente 135 % de son produit intérieur brut. Mais grâce à la politique de la Banque centrale européenne (BCE) en matière de taux d’intérêt, le pays réduira sa dette de 18 milliards d’euros d’ici 2022.
Il semble de plus en plus que Mario Draghi, le président sortant de la BCE, ait adapté la politique de taux d’intérêt de la banque à ce qui est bon pour son pays. Certains disent même que cette politique a été écrite spécifiquement pour l’Italie. Parce que c’est la seule façon pour le pays de reprendre le contrôle de ses dettes.
Son prédécesseur Jean-Claude Trichet a poursuivi une politique favorable à l’Allemagne durant son mandat. Maintenant, Draghi soutient son pays natal à sa manière. Nous ne saurons probablement jamais si telle était son intention. Mais si l’économie veut s’améliorer, il faut plus que des taux d’intérêt bas. Ce n’est que lorsque l’économie commencera à se redresser que les recettes fiscales augmenteront. Il y aura alors une marge de manœuvre budgétaire et les taux d’intérêt pourront à nouveau augmenter.
C’est précisément pourquoi la BCE a promis de maintenir les taux d’intérêt bas pendant encore longtemps. Afin que les recettes dépassent les coûts au fil du temps en cas d’investissement dans la recherche et le développement. Cela vaut également pour les infrastructures et la transition énergétique. La question est de savoir si c’est le gouvernement qui devrait initier ce mouvement ou si les impôts devraient être réduits afin que les entreprises prennent les choses en main.
La politique de Draghi & co profite également aux autres pays du sud
En attendant, d’autres pays du sud bénéficient également des décisions de Draghi. La Grèce, qui a presque causé l’implosion de la zone euro il ya cinq ans, a emprunté à un taux d’intérêt négatif le mois dernier. En d’autres termes, quiconque prête de l’argent à la Grèce doit maintenant payer le pays.
La Banque centrale européenne elle-même adopte une position différente. Si les taux d’intérêt sont si bas, c’est parce que les pays de la zone euro ne font rien. Le ralentissement de la croissance de l’économie de la zone euro est maintenant un fait. Mais peu de gouvernements y répondent par des mesures budgétaires. Le Belge Peter Praet, ancien économiste à la BCE, a récemment défendu la politique de son patron italien. Il a appelé la France, où l’on a débloqué de l’argent pour augmenter le pouvoir d’achat sous l’impulsion du mouvement des « Gilets jaunes », une exception. Mais aux Pays-Bas et en Allemagne, deux pays où le budget permettrait de financer d’importants investissements à des taux d’intérêt extrêmement bas, ce n’est pas ce qui se passe.
Tout repose donc sur les épaules de la BCE aujourd’hui. Ce qu’Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI, n’a pas manqué de remarquer. Il plaide en faveur d’une politique budgétaire différente. Si les déficits budgétaires autorisés devaient être augmentés de 1 %, la BCE ne serait pas obligée d’appliquer des taux d’intérêt nuls ou de racheter de la dette, estime-t-il. Cela profiterait particulièrement à l’Allemagne, qui souffre énormément du ralentissement mondial de la croissance.